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23 janvier 2013

Ca les étonne. Ils n'y croient pas. Ce n'est pas possible.

14 octobre 2012 (18)

Ça les étonne. Ils n'y croient pas. Ce n'est pas possible.
C'est vrai, quoi, ce sang-froid est malsain, cette ouverture d'esprit est louche, ce calme est cynique.
Ça les étonne... qu'on puisse maîtriser une communication sans dérapage, c'est qu'on n'a pas de coeur, on n'est pas humain, on est devenu une machine.
Ils n'y croient pas... qu'on puisse être sincère sans arrières pensées, qu'on puisse privilégier la vérité quel qu'en soit le prix.
Ce n'est pas possible... d'être honnête à ce point, de ne jamais bluffer, de ne jamais mentir. Menteur !

Oh que la vie d'illusion est plus confortable. On fait semblant, on joue le jeu, on prend le rôle adapté à la situation, et tout passe. Le lendemain, on dira le contraire de la veille et ça ne nous empêchera pas de dormir. L'authenticité n'est qu'un mot. Un mot qu'on pourra déclamer dans une assemblée, plastronnant, pour bien forger une image de droiture et d'éthique, on en profitera pour dénoncer les hypocrites et on se fera bien voir. Dans le meilleur des cas, on recevra une médaille et au pire, on laissera un bon souvenir. La rigueur intellectuelle n'est bonne que pour ceux qui veulent bien se l'appliquer ; ils n'ont qu'à en porter le fardeau. Les autres sont légers et aucune règle ne viendra tuer la spontanéité si rafraîchissante.
C'est facile la vie. Il suffit de vouloir faire coller le monde à son cadre de référence et tout va bien ; L'enfer, c'est les autres et tout ce qui va de travers trouve sa cause à l'extérieur de soi ; l'environnement a bon dos. Le ressenti est champion du monde et décide de tout. Si on se sent un poil déstabilisé, créons un conflit avec un grain de sable et la bagarre ancrera les certitudes qu'il serait dangereux de remettre en question. L'autre, le plus vertueux, le plus exigeant, le plus rigoureux, dérange. Autant de cohérence ne fait qu'attiser son propre déséquilibre et renvoie une image de soi-même plutôt dégradée. La réponse est simple. Agressons et fuyons. Agressons l'Autre et fuyons en avant, vers d'autres illusions, certitudes confortables. Puisque la vie est un jeu, jouons.

Ça les étonne. Ils n'y croient pas. Ce n'est pas possible.
L'honnête homme est vicieux, car si ce qu'il fait m'est impossible, c'est qu'il triche. La vertu sans failles est suspecte, car moi-même je ne sais tenir, c'est donc qu'elle cache quelque chose. La simplicité et l'humililité sont des masques car ce monde, c'est la guerre et celui qui ne tue pas sera tué, alors il faut se battre. Les croyances sont tenaces. Et aucune lecture expliquant l'inverse, aucune éminence affirmant que c'est en soi qu'on peut changer les choses ou que c'est par soi qu'on change le monde, ne tiendra plus de cinq minutes. La peur de la vie l'emporte toujours. Espérons seulement qu'elle ne les emporte pas jusque dans l'au-delà.
Fuite dans l'action. Fuite dans l'illusion. Fuite dans le paraître. Fuite dans le divertissement, l'euphorie, les addictions, le "faire", la nostalgie, le passé, le consommer, le manger, l'accumuler. Fuite. Fuite. Fuite.
Et pourtant... savoir, savoir qu'on est dans l'erreur et ne pas ralentir. Suicide programmé à mort lente. Au diable les marchands de bonheur qui viennent surtout nous montrer à quel point on se trompe, qui viennent nous présenter un miroir qui nous fait peur, qui viennent nous demander de faire acte de contrition, de changer nos tuteurs et, en plus, de faire des efforts pour acquérir une nouvelle compétence, d'autres outils, d'autres cadres plus ensoleillés. Marchands de bonheur qui écrasent du possible, deviennent agresseurs et fossoyeurs. Ce sont eux les responsables, on était si bien dans nos illusions manichéennes. Le simplisme, l'inertie, la passivité, l'illusion et les certitudes, c'est si confortable. Pourquoi vouloir m'en soustraire ?
Personne ne chercherait à les en soustraire s'ils ne se plaignaient pas de leur quotidien, de leur vie, des résultats de leurs comportements qu'ils continuent à croire résultats de l'environnement.

Oui, puisque je n'y arrive pas, ce n'est pas possible. La méconnaissance fait des dégats chez ceux qui s'en contentent mais aussi chez leurs connaissances.


L'auréole dérange, elle dépasse du rang et fait de l'ombre aux autres. Les saints doivent rester dans les livres et dans l'imaginaire. Qu'ils foulent le même chemin que le commun des mortels et ils se feront lyncher comme tout premier qui apporte la vérité. C'est la règle. C'est la loi. Nul n'y échappe. La masse a parlé. De toute sa vulgarité peut-être, mais elle a parlé.
Ensuite, plus tard, on verra. On en récupérera quelques uns, on en fera des icônes ou des tee-shirts, des aphorismes du matin, des compilations pour Noël et ça flattera le pauvre d'esprit pendant sa lecture et pendant qu'il parlera de sa lecture. Rarement plus loin. Nul n'est prophète en son pays ? Ajoutons que le prophète n'est pas bancable dans son époque et nous y verrons plus clair.

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Commentaires
S
Je ne pense pas que tu te trompes, Claudio. Comme presque chacun de tes billets, celui-ci énonce des vérités difficiles à entendre mais qui ne sont que l'expression de réalités que tu analyses avec une très grande intelligence et un vrai don d'écriture.<br /> <br /> (Pourquoi tu ne te lances pas dans l'écriture d'un livre ?)<br /> <br /> Mais la vraie question reste celle du bonheur. Comment être heureux, comment continuer à rester naïf et à croire que tout est possible, que tout reste à faire, que chacun peut devenir "saint", que c'est à portée de main, quand on est si clairvoyant sur les intentions des gens (nous-mêmes compris), sur leurs faiblesses, leurs lâchetés et leurs égoïsmes. C'est là le travail de chaque jour, de chaque instant, essayer, toujours essayer, toujours se remettre à l'ouvrage avec l'espoir, la certitude qu'un jour on y arrivera (sans le savoir) et qu'on aura accompli la tranche de vie qui nous était confiée. Cf la parabole du talent...
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C
Quand on énonce des "vérités" amères, on ne souhaite qu'une chose : se tromper.
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M
Bien amère vérité que celle que tu annonces, Claudio: le mensonge-roi!
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