Le fatalisme
S'il est une attitude qui reste totalement étrangère à ma compréhension, c'est bien le fatalisme. J'ai beau tourner autour, la sonder par le haut, par le bas, je n'y comprends décidément rien. Rien de rien. Hé Dieu si j'eusses étudié au temps de ma jeunesse folle, peut-être pourrais-je appréhender la chose avec plus d'éléments. Mais, c'est ainsi, il me faut apprendre en marchant.
Comment peut-on imaginer un chemin tout tracé par je ne sais quelle force extérieure ? Comment peut-on croire être né avec des freins, des barrières et des casseroles ? Comment peut-on vivre avec l'idée que nos clés sont détenues par quelqu'un d'autre ?
Certes on ne peut pas tout. Mais on peut tout ce qui dépend de nous. Nous avons le loisir, à tout moment, face à une situation, même imposée, de prendre une décision, de faire un choix, de se bouger la machine à réfléchir.
Les trop courants "on est comme ça" invitent à comprendre "on naît comme ça". Comme si les dés étaient jetés in utero. Chemin tracé d'avance, appel à la paresse, à l'immobilisme. En effet, à quoi bon tirer à gauche quand le sillon est tracé à droite ? A quoi bon redresser une colonne tordue par le destin ? Quelques proverbes populaires donneront des gages de vérité et des opportunistes s'en serviront de paravent pour cacher leur inertie. Le fatalisme, c'est l'excuse des esprits faibles.
Alors l'énergie et la volonté de certains passent auprès d'autres pour de la gesticulation ou de l'entêtement. Et quand bien même, ils les admireraient, ils sont sûrs qu'ils sont nés avec, que ces qualités sont originelles. Eux ne les ont pas eues, c'est comme ça, c'est la fatalité ! Ils ne savent pas qu'il faut très peu de volonté pour avoir de la volonté et que l'énergie se régénère sans cesse.
Mais finalement, c'est très confortable de croire au destin, à la fatalité. Il n'y a plus qu'à ne rien faire. Subir le bien, comme subir le mal et se laisser vivre. Mais se laisser vivre, c'est se laisser mourir. Alors, naître et attendre de mourir. Belle ambition ! Ça fait rêver.
Les résistances au changement rencontrées quotidiennement et les croyances sont voisines de cette vision. On aurait pris le pli et notre capacité d'adaptation serait nulle. Un rail. Le même. A vie. De la gare de départ au cimetière d'arrivée.
Restant sobre, je dirais que c'est désolant. Plus sévère, j'ajouterais que c'est désespérant. Dans la pièce de la vie, pourquoi choisir le rôle de bibelot lorsqu'on peut être acteur, mieux, metteur en scène ?
Alors, à ceux qui n'ont pas besoin de baisser les bras puisqu'ils sont ballants depuis toujours, je continue à dire que la vie n'est que ce qu'on en fait. Debout les morts ! A vos crayons ! Le chemin est à tracer. Par vous.