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19 avril 2013

Le deuxième

i

On entend souvent dire que sa place dans la fratrie est importante pour son propre développement. C'est un fait. Et chacun par son expérience peut en témoigner.
Je m'en tiendrai aujourd'hui à la place du deuxième, le Poulidor de la fratrie.
Parce qu'on estime souvent qu'elle est la plus difficile et parce que, ô miracle, c'est celle que je connais le mieux.

Vue de l'intérieur, la position semble normale et pas si pénible au présent. Mais, plus tard, dans le rétroviseur, la prise de conscience est terrible. 
On se rend compte qu'on a passé son temps a joué des épaules, à vouloir plaire, à faire plaisir. Plutôt que pont ou trait d'union, on est chair à étau. Pour peu (et ce fut mon cas) que les mâchoires de l'instrument soient masculines et plutôt espiègles, et on finit gentil, timide et bonne pâte.
La pente sera rude, plus tard, à remonter.
L'aîné lui, c'est l'élu, le messie, l'enfant-roi. Il a marqué son territoire avant nous. Tout ce qu'il fait est tellement magnifique que le public est aveugle. 
Le benjamin, c'est le petit dernier, il peut y aller lui, la voie est libre, le champ est large aux erreurs pardonnées, aux fautes excusées. Il est tellement mignon, l'indulgence est sans limites.
Et on fait quoi nous, les deuxièmes ? On imite, on joue l'insolence, on force le trait, on monte sur la pointe des pieds, on réfléchit pour tous les autres, on essaie de se faire remarquer, on charme, on flatte, on reste droit, on est sage comme des livres d'images, on est sans problèmes. Les problèmes, on se les garde, on les stocke pour plus tard, pour l'écriture, pour le psy, pour l'Histoire...

Au bout du compte, la contrainte accouchera d'une personnalité, d'une structure solide et sage quand d'autres claudiqueront encore longtemps. 
Il y a une justice. Poulidor est vivant et Anquetil mort.
On pourrait s'en satisfaire. On pourrait en être fier.
On pourrait...
Si... le regard en arrière sur le fardeau de ce gamin ne faisait fondre en larmes. 
On ne le connaît plus mais on le reconnait. 
Ce n'est plus soi. 
On peut être touché sans se plaindre. 
On peut l'aimer sans honte. 
On peut avoir la compassion, digne.
Ce n'est plus soi.

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