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24 avril 2013

Les jumeaux

Twin Towers (1)

Ces deux-là font la paire. Une belle paire de tarés. Et depuis longtemps. A croire qu'ils n'ont pas supporté leur colocation forcée d'avant la naissance. Les terribles souffrances de la gestation furent attribuées à cette grossesse gémellaire et on s'arrêta là. La vérité, c'est que les deux embryons s'envoyaient déjà des coups de savates in utero. Des vrais jumeaux, vrais de vrais, à tout point de vue, monozygotes et monomaniaques. Un objectif commun. Le seul. Bousiller la vie de l'autre. La jalousie serait-elle innée, voire anténatale ? Mystère.

Depuis toujours, leur vie était un ring. Tout le monde en pâtissait, les parents qui finirent par fermer le robinet de peur d'engendrer un ou deux autres monstres qui les auraient achevés à coup sûr, les miroirs qui finissaient fracassés, l'abruti confondant son reflet avec son frangin, et l'académie toute entière qui dénombrait un nombre de suicides parmi ses enseignants tragiquement supérieur à la moyenne nationale.

Lorsqu'ils ne se foutaient pas sur la gueule les deux frères se tiraient la bourre. Tout était prétexte à compétition. Pas question de jumeau dominant chez eux, leur énergie était sans limites et la surenchère instantanée. Même le Professeur Rufo y perdit sa célèbre tignasse à force de s'arracher les cheveux. Il finit par avoir la calvitie de Cyrulnik et c'est peut-être le seul bien que la paire de titans offrit à l'humanité.

Aucune étape marquante de la vie ne venait au secours de l'entourage pour créer l'électrochoc salvateur. A l'adolescence, le pire arriva. C'est sur leur virilité que se jouera désormais toute compétition. Après avoir battu tous les records possibles, en nombre de conquêtes, en durée d'ébats et en acrobaties en tous genres, ils consentirent à "se caser". Personne ne comprit comment deux magnifiques jeunes femmes avaient pu s'amouracher de deux lourdauds pareils. Qu'importe ! Elles avaient sans doute leurs raisons si tant est que la raison puisse se mêler de ces choses. C'est alors que la compétition reprit de plus belle. Il fallait engendrer. Et du plus beau bébé, bien sûr.

La nature en décida autrement. Car, obnubilés par leurs performances, l'un et l'autre se créèrent un blocage et durent, si l'on peut dire, baisser la garde définitivement. Il faut croire qu'ils avaient dépensé tout leur stock d'énergie en combats stériles. Car stériles ils devinrent. Tous les deux en même temps.

Alors ils compensèrent. Puisque l'un avait osé acheter un phare désaffecté pour s'en faire un havre de paix, l'autre fit l'acquisition d'un vieux château d'eau réaménagé. Après avoir passé leur vie à jouer à celui qui pisse le plus loin, ils joueraient désormais à celui qui pisse du plus haut.

Les épouses se lassèrent vite et quittèrent leur tour conjugale respective et leurs maris animés par leurs délires phalliques. Elles s'installèrent, ensemble, dans un beau bateau-appartement, coquille pleine de douceur et de tranquillité, entre phare et château d'eau, à portée d'une paire de jumelles ordinaires. Les souffrances communes rapprochent. Aussi les deux belles divorcées se rapprochèrent tant qu'elles finirent par se marier. Plus tard, elles eurent beaucoup d'enfants.

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Commentaires
M
Je découvre ton blog - KooL tout cet humour - C extra - Tout ce qui arrive est tellement rigolo ! - à bientôt - Monde Indien -
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