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Singulier Pluriel
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20 juillet 2013

C'est personne

16 mars 2013 (12)

Compteur bloqué sur 68, son œil, pourtant perçant, regarde le monde, comme avant, en noir et blanc.

Dieu des cartésiens, il est athée et n’a foi qu’en ce qui est démontré, éprouvé, écrit, enseigné. Ses excès sont aussi absurdes que ceux d’un intuitif qui refuserait toute analyse.

Intellectuel formé aux idées tranchées, formaté par des évènements mouvementés, ses opinions resteront solides comme un pavé et parfois blessantes comme ce pavé. Il doit son assurance à son âge avancé et à sa culture conséquente. Jamais pris en défaut, il a réponse à tout. Il trouvera toujours dans sa bibliothèque intérieure l’exemple qui vous clouera le bec, surtout qu’il saura manier les mots et la langue, ces outils qu’il déteste chez les autres puisqu’eux s’en servent pour manipuler.

Il aime plus "Le Monde" que le monde mais ne l’avouera jamais. Car, il se veut tolérant et ouvert d’esprit. Aussi, il lutte contre ses émotions. Un peu trop sous pression alors, il lui arrive de craquer, d’avoir des passages à vide, des manques d’énergie disproportionnés. Tel un adolescent, il boude, veut tourner les pages, faire table rase, déménager, car franchement les autres, c’est l’enfer.

S’affichant démocrate, il se contredit souvent car il n’admet pas qu’on puisse voter à Droite sans être un veau ou un mouton. Il se méfie des hommes providentiels qu’il laisse aux illuminés et préfère les structures collectives même s’il a une parfaite connaissance de leurs dérives.
Il préconise toujours d’appliquer les solutions du passé aux problèmes du présent. Le rapport de force, c’est son credo et le combat, son outil.
Manichéen bien sûr, il prend parti systématiquement pour le plus pauvre, le plus bronzé, le plus démuni… plus tard, il sera toujours temps de comprendre.
Mais, tout ça, il le voit d’en haut. C’est là, sa fierté. Malgré ses privilèges, il a su rester du côté du peuple.
Le riche, c’est le diable, comme le privé, le puissant, le patronat,  l’actionnaire et la Droite.

Figé sur ses schémas anciens, il n’en est pas moins curieux du monde et même très curieux. L’information, la communication et la politique nourrissent  son existence. Les nouvelles technologies n’ont aucun secret pour lui.
Il voit dans ces outils un moyen de perpétuer la lutte des classes. Persuadé que chacun recherche du pouvoir et que le vice est partout, il en devient parano et se méfie particulièrement de ceux qui s’affichent naïfs et désintéressés. Une carrière à la Pierre Juillet, éminence grise de l’ombre tirant les ficelles d’une marionnette vide, ne lui aurait pas déplu. Il y a du Machiavel en lui et un soupçon d'œil de Moscou.

Son portrait serait incomplet, si on omettait son côté épicurien. Il aime Dame Nature, la bonne bouffe et le bon vin, à condition de les déguster entre amis, entre camarades, entre piliers à demi emmêlés. Et si, cerise sur le gâteau, on pouvait refaire le monde autour d’un feu de bois, il serait aux anges.
Des astrologues taquins pourraient lui attribuer la rigidité du Taureau et la rêverie du Poissons quand un psy de Prisunic conclurait Psychorigide ascendant Pessimiste.

Mais, ne quittons pas notre personnage sans aborder un trait de caractère essentiel. Il est fidèle. Seulement voilà, il est surtout fidèle à ses fidélités et revers de la médaille, il est fidèle envers et contre tout. D’ailleurs, il aime beaucoup les chiens, c’est un signe.
Ainsi, il fait mine de croire qu’on peut prendre aux riches pour donner aux pauvres et que le Grand Soir passe par le Grand Chambardement.
Sa façon de voir le mène de déceptions en déceptions, forcément. Alors, il développe une rancune tenace et une haine féroce qui lui vont mal, mais notre homme a besoin d’ennemis et de combats, c’est sa raison d’être.

Il a bon fond, pensent les autres, mais à force d’avoir la générosité sélective et le pardon absent, on finit par avoir l'égoïsme solitaire et l’aigreur dévorante.

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