Les marrons n'ont plus d'odeur
Les rues perpendiculaires se croisent toujours mais souvent passent leur chemin.
Il était viscéralement « non-fumeuse ». Elle était passionnément « brun-ténébreux ».
Les regards firent leur travail de regards et les phéromones leur travail de phéromones.
Jusque là, tout allait comme il fallait. Bien. Tout allait bien.
Les corps s'attiraient donc, et les ombres se touchèrent les premières.
Mais les aimants ne faisant pas forcément des amants, la danse s’arrêta net.
Les doigts multicolores du gant de la main droite avait pris en sandwich une cigarette assassine.
"Faute, se dit-il, y'a faute !" Il prit la tangente et quitta le carrefour.
Dans un éclat de rire nerveux, elle s’adressa trop fort au vendeur de marrons chauds.
Il ne put néanmoins empêcher son cou de faire une circonvolution machiste.
Soulagé. Il n’avait rien à regretter.
Elle avait le verbe haut et le cul bas.
Les marrons n'avaient, tout à coup, plus d'odeur.