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26 novembre 2013

Déplacer des montagnes... en silence

14 octobre 2011 (21)

Sous prétexte qu'ils ne se croient pas capables de déplacer des montagnes, ils essaient de nous empêcher de le faire. Pas rancuniers, nous voulons bien leur expliquer, mais ils ont l'objection congénitale et automatique. Ils ont sans doute peur d'être convaincus. Nous avons beau leur dérouler les plans, leur présenter les outils, prouver par des exemples concernant d'autres montagnes, ils s'entêtent, ils s'enferment. L'ordre établi, c'est du béton armé. Solide et confortable à la fois. Faut pas leur changer leur paysage ! C'est comme ça ! Chaque chose à sa place et pour toujours. L'horizon statique, ça rassure. Les montagnes, ça ne se déplace pas !
Infatigables, nous voulions aussi effacer les frontières. Ils ont trouvé notre gomme amusante et nous ont classés parmi les naïfs. Nous n'avions qu'à écrire des pièces de théâtre, amuser la galerie, ça divertirait le peuple et les barrières continueraient à les protéger.
Le jour où nous avons voulu déterrer les morts, les réveiller pour de vrai, nous sommes allés trop loin. Les naïfs avait perdu boule et boussole et risquaient de contaminer les vivants bien-élevés. Alors, on ne joua plus du tout et on construisit des potences et des échafauds. Nous voulûmes encore expliquer, faire de la pédagogie, aplanir les divergences, rechercher l'harmonie. Rien à faire ! Les plis étaient pris et redresser l'esprit tordu est travail de titan. Autant retourner déplacer des montagnes, en silence.
En silence, c'était la solution. En silence et à portée de main. Pas plus. Et c'est déjà beaucoup.
Un jour, ils se réveilleront et la montagne aura changé de place. Croyez-vous qu'ils en seront chagrinés ? Pas du tout. Ils prendront cela comme un nouvel ordre établi. Ils diront : "c'est la fatalité". L'important, pour eux, c'est seulement de ne pas avoir eu à retrousser les manches de leurs neurones. C'est tout bête.
Ils sont du genre à choisir les "pack", les "clés en main", les "tout compris". Le confort de l'inertie sans la peur de l'inconnu. L'extase se rencontre rarement dans les troupeaux militaires ou les rayons du supermarché, mais ils s'en fichent de l'extase. Ils l'obtiendraient sans effort, ils l'accueilleraient volontiers, mais sans la reconnaitre. Bouger le petit doigt de la tête, c'est le plus dur et aucun jeu ne vaut la chandelle du déclic.
En silence. Et tant pis pour nos valeurs de partage des responsabilités, de mutualisation des décisions, de coopération enrichissante. Ils... ne... veulent... pas ! Vous aimez tout gérer. Ils aiment ne rien faire. Amenez-leur tout sur un plateau et tout le monde sera content. Les montagnes finiront peut-être par se rencontrer.

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