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Singulier Pluriel
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23 janvier 2014

Il-lusion

11 octobre 2013 (4)

Il avait écumé toutes les pages jaunes médicales de la ville, usé des psys de tout poil, spécialistes reconnus, conventionnés ou pas, fait des cheveux blancs aux coachs du département, rouiller les aiguilles des acupuncteurs, brisé les boules de cristal, fait anticiper la retraite d'un généraliste. Un hypnothérapeute perdit la foi en son art à son contact et un sophrologue sauta par la fenêtre comme un simple employé des Télécommunications.
On crut longtemps que ces professionnels étaient des amateurs incapables de venir à bout de quelques névroses pourtant bien répandues et de dépressions somme toute banales.
Les années passèrent et les pages jaunes griffonnées et froissées ne donnaient toujours rien. Il fallait se rendre à l'évidence, notre homme était fourbe. Alors, l'heure de vérité sonna. L'inconscient du patient avait l'intelligence vivace. Il manipulait sans le savoir.
Il manipulait même les plus avertis. C'était facile. Caméléon exceptionnel dénué de toute morale et sans aucun scrupule, il inventait la réalité en fonction du besoin immédiat, transformait le passé à sa guise et n'écrivait l'avenir qu'avec des paroles volatiles. On le crut, un temps, Illusion. Il était en fait, Illusionniste. A force d'entraînement, ses comportements s'ancraient eux-mêmes dans les certitudes et trompaient la conscience, si tant est que l'on puisse parler de conscience, dans ce cas précis.
A chaque étape, on espérait que la lumière éclairerait définitivement et éveillerait de troubles cauchemardesques, surtout pour l'entourage. L'espoir faisait long feu. Il ne servait qu'à tromper son monde, à faire croire que cette fois-ci était la bonne, qu'à partir d'aujourd'hui..., que dorénavant... Mais, au moindre grain de sable, la machine retrouvait ses rails, tordus, brûlants, atroces et pourtant, connus, familiers, rassurants.
Il fallait se rendre à l'évidence, rien ne changerait. L'état était suicidaire et destructeur, peut-être depuis toujours. Le seul plan de vie, de survie, était celui de l'apparence. Paraître, inventer, faire semblant, mentir, improviser étaient des bouées pour empêcher le suicide à court terme. Mais, le chemin de vie était chemin de croix se justifiant lui-même. Ne plus croire les promesses, ne plus compter sur les engagements, ne plus faire confiance devenaient les obstacles offerts aux autres. La solution leur incombait.
Le courage et la lucidité qu'on demandait depuis des années à notre homme, lui étaient impossibles. Il fallait baisser les bras et la volonté, déjà bien avalés par la machine, avant qu'elle ne vous broie tout entier.

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