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4 février 2014

Il faut se méfier de l'eau qui pleure

"Il faut se méfier de l'eau qui pleure". Il l'a trouvée au coin d'un rêve cette phrase. Alors, il l'a ramassée, se l'est mise en bandoulière et a repris son chemin. Un peu triste, elle fait son poids. Un peu liquide, elle dégouline. Qu'importe, il l'emmènera partout, comme un compagnon du tour de France bichonne ses outils personnels. Artisan du récit, il visitera les mots et leurs sonorités, inventera des sens à dérouter, des rimes à faire fuir et des phrases tantôt ciselées, tantôt brutes, mais, toujours fraîches.
"Il faut se méfier de l'eau qui pleure". C'est sa porte d'entrée en matière liquide, son passeport de scribouillard en herbes folles, son huile à lampe, sa lampe à lire de jalousie.
"Il faut se méfier de l'eau qui pleure". Dans sa phase sans sens, elle manque de sel, c'est sûr. Mais laissons-la nous arroser qu'elle se fera fontaine, jet d'eau, montagne glacée.

SDC13199

Sortant de ses guillemets, elle pourrait nous emporter. Ailleurs. Une bonne fois pour toutes. Apprécions-la avec délicatesse, désaltérons-nous à petites gorgées. Préférons le goutte-à-goutte au robinet vulgaire.
Il faut se méfier de l'eau qui pleure, elle nous conte la tristesse des marques de tristesse, le chagrin des effets du chagrin. Elle pourrait, en effet boule de neige, nous rouler dans le torrent, nous liquéfier par mimétisme, nous vider du poids d'un passé noyé.
Il faut se méfier de l'eau qui pleure, elle contamine, elle empoisonne, elle envoûte les amoureux et les mélancoliques. Il faut savoir attendre et savoir nager. Laissons-la pleurer tout son soûl. Elle doit passer. Et l'eau passe toujours. Fixons-la dans sa transparence et ses tourments, les yeux mouillés dans les eaux mouillées, montrons-lui notre conscience du débit et du chagrin, mais laissons-la filer.
L'eau qui pleure, pleure et passe. Nos barrages n'y feraient rien, autant l'accompagner. Éclusier des émotions, compatissons.
Compatissons, patientons, dos ronds, demain jaillira l'eau qui rit, qui brille, qui scintille, qui habille de vie. Demain, l'eau arrosoir nous grandira à l'aune de la pureté de nos regards.

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Commentaires
F
C'est beau.
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