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3 mars 2014

Mon oncle d'Amérique est mort dans mon Facebook

Désormais, les morts célèbres viennent mourir dans mon facebook. Ou votre twitter. Auparavant, ils mouraient dans ma télé, dans ma radio, dans mon journal, dans ma concierge. Mes connaissances meurent, elles, à tous les coups, dans mon téléphone.
Ils viennent mourir là, pour moi. Pour eux, ils sont morts un peu plus tôt, à une heure où moi je les savais vivants. C'est donc l'annonce à mes yeux ou mes oreilles qui les fait trépasser dans mon esprit.

Je me demande d'ailleurs pourquoi subsistent les faire-part, les publications nécrologiques et, plus anachroniques encore, les placardages dans les rues de nos voisins Italiens.

Me souviendrai-je longtemps de l'auteur du statut fb suivant : "RIP Alain Resnais ", comme je me souviens de la Une de Libé qui m'a annoncé la mort de Brassens, de la nièce déboulant d'un couloir me crier "Tonton, Léo Ferré, il est mort", du coup de fil de ma femme venant faire mourir François Mitterrand dans mon oreille gauche ? L'avenir le dira.

Une chose est sûre maintenant, Alain Resnais est mort. Il n'est plus vivant, c'est plus juste. Car la mort n'existe pas. Seule la vie existe. La non-vie non plus, n'existe pas, au cas où on aurait voulu faire le malin en nommant autrement l'inexistant.
La mort n'a été inventée que pour nommer une limite, un inexistant d'après l'existant. L'inexistant d'avant la vie, on n'a pas osé le nommer vraiment celui-là. Bref, Alain Resnais n'est plus vivant.

10 avril 2013 (6)

Alain Resnais, c'est Woody Allen (ou Zweig en littérature). L'intelligence d'abord. (Tant pis, pour les femmes et les enfants). Pour ces deux-là, je vais voir tous les films les yeux fermés. C'est peut-être pour cette raison que je ne comprends pas toujours tout, mais, c'est égal, ça passe, ça glisse, ça nourrit. Et comment ! Ça construit sans qu'on le sache tout de suite, d'ailleurs.
Les intellos branchés commenceront par évoquer "Hiroshima mon amour" et "Nuit et brouillard".
Mon vécu, ni branché, ni intello, ira d'abord vers "Mon oncle d'Amérique" qui fut un film "révélation" découvert à sa sortie ; j'avais 22 ans. J'aurais aimé vous faire l'économie d'un ridicule "il a changé ma vie", mais, il y a de ça, sans conteste. Parce que changer la vision de la vie, c'est changer sa vie.
L'intelligence est partout, dans tous ses films. Permanente, simple, humble, appel à l'intelligence de l'autre, confiance en l'intelligence de l'autre aussi.
Une réplique indélébile dans ma mémoire pour finir : dans "L'amour à mort" (grâce à qui j'ai découvert Uzès, et y suis retourné de nombreuses fois), Pierre Arditi est au sol, visiblement mort, Sabine Azéma lui crie "Pierre, ne soit pas mort !". Magnifique !!!

[Ces derniers temps, mon blog a tendance a devenir une chronique nécrologique. Je le regrette. J'ai réfléchi. C'est l'âge. Les figures marquantes ont souvent un peu d'avance. Aussi, elles explorent l'inexistant avant nous (statistiquement parlant)]

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Commentaires
L
A priori, l'intelligence est ici - comme pour d'autres ailleurs la bêtise - contagieuse!<br /> <br /> Je recopie un lu d’il y a peu, « j’aurais aimé écrire ce billet » ; et l’exprimer n’est point de la jalousie mais de la fierté d’avoir un ami qui ainsi écrit. Et pour le reste, je citerais Henri, " la seule raison d’être d’un être c’est d’être".
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