Une bourriche d'huîtres
Depuis le temps que j'attends que le Parti Soccaliste devienne un parti d'appoint, un de ces petits partis à qui on ferait l'honneur d'accepter qu'ils fassent le joint pour permettre de franchir une barre. Eh bien, on n'en est pas loin. Et ça s'approche à grands pas dans ma ville.
Sectaires et dogmatiques, ils adorent foncer dans le mur, accélérer lorsqu'on les prévient de l'obstacle, appliquer les vieilles recettes à des temps nouveaux, et plastronner sans retenue, sûrs de leur génie et de leur grandeur, enivrés par leurs certitudes. Malins, ils mettent des décennies à faire fuir leurs talents, jouant sur la corde sensible de la fidélité aux idéaux. Même pas foutus de les rattraper au dernier moment, ils s'étalent dans leur médiocrité et jouissent de leur suicide lent. S'ils n'entraînaient avec eux quelques idéalistes endormis par les icônes du passé et quelques chants rassembleurs, ils seraient sans intérêt. Ils s'arrogent encore, malgré une réalité aveuglante, des qualificatifs trop grands pour eux. Car, humanistes et progressistes sont partis voir ailleurs si l'herbe n'était pas plus colorée quand ils n'ont pas décidé de planter leurs propres graines dans un champ nouveau aux mélodies plus modernes. Même pas honte, ils s'enveloppent de l'écharpe de Mitterrand, s'affublent des lunettes de Léon et se Jaurèssent sur des airs révolutionnaires qui font tâche sur leurs costumes de conservateurs. Même pas honte !
Mais, leurs armes de politicards servent encore. Ils ourdissent des stratégies d'échecs, affûtent leurs armes en interne, et montent des listes d'idéologues de bacs à sable pavloviens, ceux qui font où on leur dit et qui disent ce qu'on attend d'eux. A l'assaut des mairies, arrières assurés, ils jouent aux justiciers, aux défenseurs du petit peuple, aux délogeurs d'oppresseurs. Mais, combien de divisions ? De plus en plus. Ou de moins en moins. Suivant le sens qu'on donnera au mot. Leurs tracts dégoulinent sur les pare-brises tant leur squelette est mou et leurs épaules ramollies à l'instar d'autres éléments d'anatomie.
Je me demande encore ce qui pousse, aujourd'hui, les électeurs, certes de moins en moins nombreux, vers ces choix suicidaires et inutiles. La fidélité à l'arrière-grand-père, la peur du regard de Tonton qui croyait aux lois de l'esprit ou l'automatisme cossard ? Va savoir ! En tous cas, pas le charisme et le rayonnement de ses représentants ou alors, il est des séductions qui me sont et me resteront étrangères.
PS. (Je sais, c'est facile) Personne ne vous oblige à reproduire, il faut faire le deuil du passé. Il n'y aurait aucune culpabilité à ne pas voter comme Pépé. Les temps changent, changez ! Des forces nouvelles, des fleurs fraîches, des espèces inconnues annoncent un printemps plus radieux. Courez dimanche les arroser. Leur éclat sera un peu le vôtre. Voilà, ce qui est ambitieux et progressiste. Laissez les ringards s'asseoir, désormais, sur des sièges à leur taille, des strapontins. Ne remplaçons pas un panier de crabes par une bourriche d'huîtres, même pas ouvertes. Une équipe de goélands prend son envol, soufflons-leur des vents ascendants. Donnons de la voix.