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1 avril 2014

Banal(van)ité

 

P1070347

Lorsque je connais déjà quelque chose, je trouve le propos de celui qui le découvre ou qui l'exprime, d'une grande banalité. Pourtant, la semaine dernière, ou à son âge, je le découvrais aussi et je m'exhaltais d'une telle découverte. Je voulais la partager, la transmettre. Quand on trouve un trésor, on ne peut pas le garder pour soi. La pierre philosophale de mon suivant est des plus banales.
Je sais bien que c'est injuste. Je devrais avoir l'humilité de laisser le temps à chacun et accepter son rythme. Je devrais prendre de la distance et sortir de mon cadre. Cela paraîtra bien orgueilleux à celui qui me lit.
Mais, il y a peut-être une autre lecture. Bien plus modeste celle-là, si l'on met à part le fait de l'annoncer telle. Il s'agirait, au contraire, d'un respect et d'une admiration pour l'autre, qu'on n'imagine pas avec moins de savoir que soi. Lui, il a forcément, au moins, mon intelligence, ma curiosité et mon courage. Au moins. Il a donc dû explorer ces chemins avant moi, qui les découvre. Forcément.
Alors, j'écoute, j'observe, j'enregistre, pour apprendre encore et encore, pour être à la hauteur, pour rattraper le retard. Il arrive parfois que je fasse un arrêt sur image, souvent poussé par mon entourage, qui m'alerte, soit de l'absurdité de rester dans l'accumulation de savoir inutile car jamais utilisé concrètement, soit des efforts surhumains qui me fatiguent à toujours en vouloir plus. L'entourage, comme tout le monde, a souvent tort et raison à la fois. Il a raison sur la fatigue, mais c'est devenu structurel et l'effort n'est plus tension, gainage solidifiant tout au plus. Il a tort lorqu'il croit que je peux m'arrêter pour appliquer. Quand on a soif, on boit. On ne s'arrête pas pour faire autre chose. Et j'ai toujours soif.
Cette forme d'impatience n'est pas sagesse ? Alors, je ne suis pas sage. Mais, est-elle impatience ou amour ? Elle n'est impatience que par comparaison. Elle est amour si le stock est partagé.
Ce que je sais déjà me semble banal, disais-je. Oui, je m'ennuie à entendre que deux et deux font quatre et que l'altruisme est la solution à la paix, que Reims est la douzième ville de France et la première dans la liste à ne pas être chef-lieu de département ou que la maîtrise de soi et la bienveillance sont deux des clés du trousseau du parfait humain.

J'en reviens à l'orgueil qui me saute aux yeux à moi-même lorsque je me découvre ce sentiment. Il est depuis quelques mois une émission de télévision (Les grandes questions Franz-Olivier Giesbert France 5) qui, sur le papier est faite pour moi. Des invités prestigieux, intellectuels, philosophes, psychologues, écrivains, de grandes figures, des consciences. Des sujets de haut-vol. Et patatras, des banalités dignes d'un réseau social, des découvertes par certains du b.a.-ba, soit du vivre ensemble, soit du développement humain, soit de la compréhension de certains comportements. Bref, ce qui aurait pu être la construction d'un monde nouveau s'affale sur un plateau télévisé. Et pourtant, nous ne sommes ici, ni au milieu des applaudissements, ni sous une pluie de paillettes.
Vulgariser, c'est bien. Cela permet de retenir un public moins érudit, dont je suis. Mais, rester superficiel, ça fait fuir même les autodidactes. J'imagine que chacun sort frustré de sa participation. Mais, la prestation n'était peut-être là que pour l'inévitable présentation du dernier bouquin de chacun. Mais, je suis mauvaise langue.

Ce que je sais déjà est banal parce que ça m'ennuie. Je me demande si ce sentiment est partagé.

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Commentaires
T
Je vais faire mon optimiste, pour une fois, accroche-toi au plafond :-) Tu dis "Ce que je sais déjà est banal parce que ça m'ennuie" et moi je dis "ça m'ennuie parce que je le sais déjà". Je sais, la nuance est subtile... Mais la seconde proposition me permet de chercher dans le discours de l'autre ce que je ne sais pas, d'être sensible à la nouveauté. Je ne dis pas que j'y arrive toujours, je dis que c'est possible, ce que tu sais déjà :-)
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