Mathilde

"J'ai connu une Mathilde. Elle était un peu juste"
L'expression est charmante. Beaucoup plus que Mathilde.

On imagine un pied s'efforçant de rentrer dans un soulier trop petit. Un peu juste, dirait la vendeuse. Mais, la chaussure plaît et Mathilde insiste. Elle s'y sent bien, dit-elle.
On visualise tout aussi bien, un cerveau esseulé flottant dans un crâne trop grand, se cognant aux parois, rebondissant et perdant, pourtant, de la vitesse à chaque changement de direction. Trop juste pour l'espace dédié. Et, trop tard pour le vitaminer, le gonfler aux hormones de neurones.
Mathilde pourtant a l'ingénuité séductrice, de celle qui rend indulgents les honnêtes gens, tant ils ne se sentent pas en danger de concurrence.
Mathilde était, donc, un peu juste a affirmé l'interlocutrice. La délicatesse du propos sentait la vérité contenue, de peur de paraître péremptoire et supérieure. Accompagnée d'un geste de la main à proximité de la tempe, jouant la girouette, droite-gauche, sur l'axe du majeur, on entendait qu'elle était juste et on comprenait qu'elle était limitée, plutôt conne, pour écrire plus direct.
C'est aussi simple que cela.
Mathilde était donc, une conne inoffensive.
La question de l'utilité des cons inoffensifs s'invitait, du coup, au menu des réflexions des cerveaux des moins justes. Et, par association d'idée, l'utilité de la question de l'utilité venait prendre le relais.
D'aucuns auraient conclu qu'une niaise un peu juste était bien moins rasoir que des masturbateurs intellectuels.
Et d'autres pas.

Comments

[Patrick Mottard]

c'est celle qui est revenue...?