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Singulier Pluriel
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19 décembre 2014

En prendre plein la vie

31 mars 2015 (42)Quand on a déplacé des montagnes, c'est pas la mer à boire de les gravir.
Au pied du chemin, aussi caillouteux, aussi raide soit-il, on sait que le premier pas lâchera le ressort tendu depuis toute la phase de préparation. Quelle soit physique ou mentale, elle aura engrangé des ressources prêtes à l'emploi. Le silence et le tunnel auront fait du gras pour faire exploser le muscle. L'ombre et le crépuscule auront préparé l'éruption d'un volcan qui promet des artifices d'étoiles. Le temps d'attente active ne se perd pas, il est ce travail de fond qui paie déjà et qui paiera longtemps. Sans besoin de retour immédiat, le dos rond, le besogneux des coulisses a de beaux jours et de beaux soleils à distribuer. Il attend son heure.
La chaussure de randonnée est déjà faite au pied alors que l'action concrète n'a pas vu l'aube. Elle a travaillé en sourdine. Elle a l'expérience virtuelle et des kilomètres au compteur des GR de l'envie de la vie. "Y'a plus qu'à" dit-on ! Le mode automatique a l'intuition construite. L'inconscient a toutes les cartes IGN dans son disque dur, il conduit à l'aveugle, avec la précision et la détermination de l'aveugle expérimenté. La montagne n'a qu'à bien se tenir !
L'attente a l'énergie latente et l'immobilité cache bien son jeu. Elle rongeait son frein avec sérénité, certaine que toujours, des matins encore plus lumineux s'allument aux yeux de ceux qui gardent la foi. On l'aurait bien aimée plus courte, car elle a fait souffrir, mais, les crocs-en-jambe des autres et leurs coups de bâton, ne dépendent que des autres. Alors, on les géra. On ne pouvait faire que cela. Ils auront usé leur énergie à nuire, nous nous serons servi de leurs attaques pour nous construire, encore un peu plus.
Au pied de la falaise, on se sent fort, apprentissage structurel et compact, appétit d'ogre et jeunesse renouvelée, envie  d'encore plus de naïveté malgré ce que celle-ci nous a coûté d'injustice et de souffrances. Le tunnel nous a déposé là, au seuil d'un nouveau défi, rempli de la joie de celui qui sait que le salut se gagne à chaque instant et que les mouvements conjugués de l'âme et du coeur sont perpétuels, que chaque matin nous offre le bonheur d'encore apprendre, encore donner, encore partager.
La conscience tranquille de n'avoir pas saisi les armes qu'on nous exhortait de prendre afin de nous accuser de nous en être servi, nous permet de cheminer le buste droit. Le coeur tranquille d'avoir répondu à la haine par la compassion et au délire par l'explication, nous allège le sac à dos. Vivant et debout après la traversée d'un désert miné par le mal-être des agresseurs, on va courir sage et patient, chemineau apaisé, vers le zénith, en prendre plein la vie, témoigner de l'horizon, du grand large, de la beauté du monde. Oui, de la beauté du monde, malgré les apparences.
Quand on a déplacé des montagnes, c'est pas la mer à boire de les gravir.
La carte postale vivante nous invite, nous engage. De la plage tournée aux sommets éclairés, chaque note de pas laissera trace musicale qu'on aimerait entendre résonner dans l'universelle vallée.

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