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22 décembre 2014

Violette et Dubonnet

16 juin 2014 (25)Violette était comme une publicité Dubonnet.
Elle avait eu son heure de gloire, s'affichant en grand format sur les pignons des pavillons longeant les nationales, ses couleurs vives attiraient les regards et sa peinture éclatante hypnotisait le voyageur.
A la manière des séducteurs latins, c'est de bas en haut qu'on la découvrait. Elle explosait au visage de tant de fraîcheur et de promesses qu'elle décourageait d'entrée tant elle semblait inaccessible.
Après quelques ravalements de façade, le temps décida qu'elle n'était plus rentable. Les congés-payés prenaient désormais l'autoroute et les rocades de contournement avaient eu raison de sa superbe. Désormais, les touristes se bronzaient l'excitation aux néons des Autogrill et les publicitaires allaient les cueillir au fond de leurs tympans, en kit mains-libres.
Alors, les Dubonnet d'antan se défraîchissaient et devenaient Vintage. Seuls quelques photographes amateurs s'amusaient à les croquer avec nostalgie. Ils en rajoutaient une couche en passant leur cliché en sepia une fois devant leur Mac et atteignaient l'orgasme à l'idée même de montrer à leur progéniture ce que c'était, le temps de leur enfance.

Mais, plus personne ne fantasmait devant Violette et plus personne ne buvait de Dubonnet.
Le vieux crépi d'un bleu passé se desquamait un peu plus chaque année. La décrépitude finissait par être acceptée, et, Violette, baissait les bras. C'était l'automne depuis longtemps sur ces petits chemins qui ne sentaient plus grand chose. Lorsque la dernière feuille de vieille peinture tomba, l'hiver s'installa, définitivement.
Ralentir le temps, c'est déjà pas mal. Mais, s'accrocher pour s'accrocher, c'est très fatigant. Ridicule et fatigant. La gloire passée regrettée accentue la descente. Le vernis ne connait pas l'intemporel et l'apparence ne tient pas la distance.

Un jour, on retrouva Violette, la tête posée sur une table de cuisine en formica vert d'eau, entre une bouteille de Dubonnet et un vieux bidon d'huile de moteur Antar. L'histoire ne dit pas lequel des deux compagnons l'a aidé à franchir la porte. Toujours est-il qu'elle la passa dans son passé.
Très Vintage, la Violette !

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