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Singulier Pluriel
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2 juin 2015

Ce truc-là... là.

J'aime les lucides désabusés. Alors que je ne le suis pas. J'aime le jugement glacial de ceux qui ont tiré le rideau une bonne fois pour toutes. Ils ont tout mon respect pour leur courage de vivre avec cette certitude de la laideur du monde et, pourtant, de vivre quand même. Peut-être en suis-je jaloux ? Parce que je m'en sens incapable. Ils voient des monstres et des égoïstes quand je vois des anges potentiels et des êtres à convertir.
Bien sûr, comme tout un chacun, surtout à mon âge, je continue à me construire de mes déceptions, et certaines pèsent quelques semi-remorques. Bien sûr, j'ai connu l'injustice la plus abjecte, la plus dégueulasse, l'insaisissable, celle qui t'enfonce dès que tu essaies d'en dénoncer le premier mot. Celle qu'il faut admettre comme étant et rien de plus.
Et pourtant, je ne me résous pas à baisser les bras de l'espoir, à envisager qu'il existe, par ce monde, des ordures. Je m'empresse de les reclasser dans le camp des malades, pour éviter de trop désespérer. Déni salutaire, peut-être. Ou juste théorie, pourquoi pas.

Alors, sans doute, mon affection pour les désabusés sombres et cinglants, désespérés cyniques, qui ont posé leurs valises, à pas d'âge, pour toujours, cette affection doit venir du fait qu'ils sont celui que, suivant toute logique, j'aurais dû être. L'intelligence et la lucidité vous désespèrent de vos contemporains et les tordus vous étalent leur crasse sur le linceul de la pureté de l'âme des sensibles. Aussi, un jour ou l'autre, on accepte de claquer la porte du spectacle sordide des combats inutiles. On devait y venir ?
Eh bien non ! Malgré tout, là, tout au fond, il y a un "truc", je ne peux le nommer autrement, tant j'ai peur de l'interprétation de ce que je pourrais écrire. Si j'écris "foi", on risque d'y coller quelques bondieuseries qui me sont étrangères. Si j'écris "force", de l'égo. Si j'écris "courage", de la prétention. Et si je me rabats sur "amour", la vanité va pointer son nez.

P1070741Alors, ce truc-là, là. Là ? Dans le ventre, je crois. Ce truc-là croit toujours que demain est beau et que demain sera beau. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il advienne.
Une joie sans raison assaisonne en permanence la pire des réalités. J'ai beau tenter de la faire taire de temps à autre pour m'éviter quelques souffrances, mais, rien à faire, c'est là. Souffrances ou pas souffrances, la certitude du mieux demeure. Il est impossible qu'il en soit autrement. Impossible.
J'aurais cette chance, je ferais partie des élus de ce truc-là ? Si parfois je me le demande, je finis vite par dire que la même porte est ouverte à chacun, que nous sommes tous tombés dans le chaudron. Sinon à quoi bon ?
Alors, chers misanthropes et désabusés, mélancoliques blasés, et maussades procureurs, faites ma part, j'ai une constitution défaillante. Faites ma part, éclairez-moi par vos sombres constats, moi, j'ai d'autres ambitions, j'essaie de faire quelque chose de ce truc que j'ai là et ne me quitte pas. Un feu qu'aucune saloperie n'éteint, aucun découragement n'atteint. J'ai très peu de mérite. C'est là. Oui. Là.

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Commentaires
C
Vous me comblez Cher Lelius. <br /> <br /> Je vais finir par n'écrire que pour susciter des commentaires de cette qualité. <br /> <br /> Merci. Merci beaucoup.
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L
En 1857, Baudelaire écrivait dans la préface des "Fleurs" cette phrase qui depuis longtemps est devenue pour moi un leitmotiv, ayant très tôt - trop tôt - fait le constat de la bassesse de mes contemporains :<br /> <br /> « Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. » <br /> <br /> Vous demandiez l'éclairage d'un misanthrope, comment aurais-je donc pu éteindre ma pâle lanterne ?<br /> <br /> Mais je dois à la vérité de citer la phrase qui suit et qui renforcera peut-être votre inébranlable foi :<br /> <br /> « Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n’entamerait pas. » <br /> <br /> <br /> <br /> Su di morale !
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