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16 octobre 2015

Ambiance de cinéma

21 mai 2008 (5)

Pour l'accompagner dans son sommeil, il la borda d'ambiances de cinéma romantique. Ce n'est pas une image, ou une astuce littéraire. Il la recouvrit d'abstrait, puis passa ses mains sous les sensations et lui souhaita une bonne nuit. Couverture d'imagination, elle ne pouvait que dormir au chaud.
Il repartit vaquer à quelques occupations, mais, son esprit lui jouait des tours. Comment pouvait-il être sûr que ce qu'il venait de faire existait ? Comment une telle idée pouvait passer par un cerveau sain ? Car son cerveau était sain, c'était confirmé par beaucoup. Et sa certitude d'avoir agi ainsi était sans failles.
Il venait sans doute de vivre une expérience paroxystique. De celles qui s'élèvent au-dessus du vérifiable et du partageable. Il suffisait de l'accepter comme telle. Toute question concernant l'impossible ou le dérèglement mental, n'aurait abouti qu'à dénaturer la réalité de ce qu'il avait vécu. Car ce qui sort des clous dérape, et, le poète est dérangé.
Il avait, par le passé, un peu trop réfreiné ses élans chimériques, de peur d'ostracisation. Maintenant, qu'il était définitivement, un illuminé, il pouvait se permettre de partager ses délires. Illuminé et délires, n'étant que des mots attribués à ce que percevaient les autres de l'énergumène. Il savait lui, qu'il jonglait avec du rationnel, du scientifiquement admis, mais, ce sera plus tard. Accepter son avance sur les preuves demandait un peu de courage et de résistance à la marginalité. Les moutons aiment à se liguer contre les albatros.
Le sentiment peut bien cheminer et soulever des montagnes, alors pourquoi l'abstrait aurait moins d'existence que le concret. C'est notre ignorance qui le voile. Les mots sont là pour lui donner consistance. N'existe pas que ce qui se touche. La matière invisible, impalpable, insaisissable pèse souvent plus que les bulldozers du terre à terre.

J'ai connu des états intérieurs sans frontières et des spiritualités rationnelles, des idées qui se suffisaient à elles-mêmes, et des réalisations spontanées, des plans d'architectes qui abritaient, et du vide plein de sens, des regards sans les yeux, et des caresses à distance.
S'envelopper de sublime, c'est changer de passeport, c'est voyager plus loin sans vecteur connu. La pensée a des roues, et des ailes, et des réacteurs, elle mène où l'on doit, pourvu qu'on la laisse faire.
Pour l'accompagner dans son sommeil, je la bordai d'ambiances de cinéma romantique.

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