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19 octobre 2015

Je me souviens

SDC13195

Je me souviens de l'année prochaine. Elle était belle. Le printemps avait compté un peu plus que les autres, parce que c'était celui-là. Il avait la couleur nostalgique des automnes du futur antérieur, et c'était sa force et son optimiste originalité. Il m'avait ouvert mars comme on ouvre un crâne encombré ; la vase se répand et le coeur du joyau fait des griffes de reflets dans l'air. Demain était beau et personne n'avait osé le lui reprocher. Pas même les paresseux de l'imagination. Ils en avaient, comme toujours, pour l'effort que les autres avaient fourni.

Je me souviens de 2017. Comme si le second tour de la Présidentielle se tenait avant le premier, on se disputait la deuxième place, celle qui donnait la victoire, automatiquement. On jouait encore aux quilles à la vanille avec des gars en chocolat.

Je me souviens du jour de clarté. On avait changé les lois. On ne condamnait plus la méchanceté, mais seulement la bêtise. Du coup, la méchanceté régressait. Et la bêtise aussi. On avait décrété que l'intelligence valait mieux que le ressenti. ENFIN ! Et, qu'il était plus grave d'attaquer la dignité et l'intégrité d'un individu que de toucher à l'interprétation émotionnelle d'un groupe. Certains le traduisaient, par "il est plus grave de déchirer la chemise d'un seul homme avec bestialité, que d'expliquer à un groupe qu'on allait se passer de lui". Le monde avançait . ENFIN !

Je me souviens du remède miracle. On avait fabriqué la pilule de la cohérence. Désormais, les fourbes n'avaient plus d'excuses, ils se voyaient obligés d'assumer leurs saloperies. Et même l'excuse de l'incapacité à comprendre leurs exactions ne tenait plus la route. L'ordure filait au rebut ou se convertissait. L'équilibre et l'humanité y trouvèrent leur compte.

Je me souviens de l'an 40, 3040 je veux dire. J'avais bouclé mon dernier marathon de trop. On avait prévenu ma famille que l'heure était proche d'une banderole un peu plus funèbre. In extremis, mes petits-enfants me présentèrent les leurs qui n'avaient jamais entendu parler de ce numéro de dossard. On me fit une extrême-onction de quelques chansons brèliennes au parfum d'Anteus, et on retourna à ses divertissements. Le monde était simple.

Je me souviens du futur parce que je suis devin. Je n'ai aucun mérite, je suis né demain.

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