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Singulier Pluriel
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29 décembre 2015

La bêtise, encore

L'émotion n'est pas trop mon domaine. Je suis plutôt du camp de la sensibilité et de la rationalité.
Aussi, lorsque l'époque m'offre des insensibles fardés de bons sentiments, défilant, leur cœur en bandoulière et leurs blessures apparentes, j'ai quelques velléités à rejoindre le camp des désabusés. Car quoi ? L'émotion étalée ferait la souffrance stoïque ? L'important serait l'image et le retour du miroir social ? Si c'est le cas, c'est pur égoïsme.

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Inventons-nous des ennemis bien grossis, des griffes desquels on serait sorti, avec courage et petites blessures qu'on aurait soigné dans la discrétion, discrétion mise en scène, bien sûr. Sinon à quoi bon ? Faut qu'ça serve tout ça ! Que ça serve à quoi ? A la caresse qui vient soulager le rêche du cœur et de l'esprit, qui vient faire croire qu'on existe, qu'on est quelqu'un. Car, cette mésestime trimballée depuis toujours, bouffe, d'autant qu'elle est associée à une immense idée de soi-même. L'attelage est dur à porter. Alors, faisons-le porter par les autres. Inventons une réalité, supportable par soi, partageable avec les crédules, trop contents de prouver leur humanité, et plausible vu l'air du temps, ère de l'émotion dégueulée. La vie est belle dans l'illusion.
Le jugement se faisant le plus souvent à l'emporte-pièce, en commentaire définitif, on aura toujours raison. Quelques voisins faibles ou lâches le prouveront par leur approbation ou leur silence. Si on a faibli soi-même un jour, c'est qu'on est humain. Pas comme ces rationnels froids, sans sentiments. On s'en sortira encore plus grandi, auréolé par la foule des supporters rassurés eux-mêmes. 

Les faibles s'enduisent mutuellement d'onguent apaisant. Les autres n'auront pas de procès, seulement une sentence. Le procès risquerait, arguments à l'appui, de bousculer les convictions viscérales, et, les convictions viscérales, c'est la vérité.
La complexité fait souvent fuir, et attire les réponses massue bien simplistes qui brouillent le paysage et font des nœuds. En recherche de simplicité, on impose le simplisme. En recherche de solutions, on lynche le penseur.
Et, toute honte bue, on affirme avec certitude, sans scrupules, sans doute, sans parole au condamné.
La bêtise, toujours, s'invite. Et son sale propre à la bêtise, est de ne pas pouvoir se rendre compte de l'endroit d'où elle juge. Si la bêtise se remettait en question, elle ne serait plus. La bêtise est incorrigible, infréquentable et indomptable. On ne peut que la combattre. Sans relâche. La faire taire. Sans pitié.

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Commentaires
L
Sur la première phrase, puis-je ici (je pense que oui) écrire qu'en ce qui me concerne l'émotion n'est nullement incompatible avec sensibilité et rationalité.
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