Les assis
On passe sa vie à fuir, ou combattre, ou éviter, ou subir ces gens-là, les assis, ....on ne fait que ça finalement, dans chaque action. Lorsqu'on se demande si celle-ci est éthique, cohérente ou ambitieuse, universelle et généreuse ou bassement égoïste et personnelle. On se pose la question, on arbitre et hop, on essaie de choisir le camp de l'évolution, en conscience, à éliminer le camp de ces gens-là, des immobiles, conservateurs reproducteurs, cossards de moteur neuronal, ceux qui confort et apparence, bien-pensance et convenances. Voilà, ils prennent toute la place avec leurs conventions, leur ordre établi, leur lourdeur, leurs panses grasses et leur montre à gousset comme carte de visite. Quand, on balaie, on déblaie et on s'use à faire le ménage avant de poser la première pierre, celle qu'on nous fera enlever, des fois qu'elle serait un peu trop pétillante, un peu trop colorée, qu'elle trancherait avec le gris passé, et les dorures emberlificotées pour faire bonne figure. Bigotes et grenouilles de bénitier de toutes les chapelles vous vous entendez bien pour baigner dans le même jus, la même eau putride non-renouvelée de peur des vagues au fond du bénitier bourgeois, religieux ou laïque.
On passe sa vie à se protéger du statu-quo quand on pourrait labourer des terres nouvelles, des chants joyeux dans la voix. On ne fait plus que ça. On s'explique, on explique, on se justifie, on prend des précautions, on anticipe la réaction, mais, rien n'y fait, le nouveau, la transparence, le mouvement leur est un miroir insupportable.
Bien assis, escargots et limaces, on devrait vous faire des voies spéciales, qu'on n'ait pas à slalomer, à glisser sur la bavouille de vos jérémiades et de vos ambitions rampantes. Qu'au moins, si vous n'alimentez pas la braise de la Joie, qu'au moins vous ne retardiez pas les trains de l'élévation, en traînant sur les autoroutes de la Vie à deux à l'heure, en nous faisant des crocs-en-jambe pour éviter la comparaison, celle que nous ne faisons même pas, celle que vous, vous imaginez, celle qui vous plombe encore plus les jarrets et vous trouble l'image, si tant est qu'image de vous-même vous ayez.
Du balai ! Au moins, laissez-faire plutôt que ralentir la vie de tous pour sauver une gloire cantonale.
Gens-là, Assis, Paresseux, faites place, on a d'autres montagnes à déplacer et à gravir, d'autres terres à retourner et d'autres graines d'éternel à planter. Du vent, du vent ! Restez dans vos garages et laissez l'énergie bosser pour vous. Elle, elle a le courage généreux. C'est gratuit. Récolter sans rien faire, ça devrait vous plaire, non ?