J'ai mangé du lilas

J'ai mangé du lilas, un soir de rage.
Des mots parfumés ont venté poésie au coeur des embouteillages. Les feux mauves ont troublé les prisons intérieures et soufflé sur les nerfs des techno-praticiens. La tiédeur d'un printemps innocent faisait des petits aux femelles en couleurs. On a réveillé les poésies d'enfant pour bétonner les espaces de rimes bourgeonnantes. Les cervelles encrassées se firent pâté de tête aux accents graves. Les egos retournèrent leur bêtise sur des ventres coupables. Et l'unique lueur de lucidité des médiocres nous en débarrassa. Le bal des pendus volontaires fit le plein. Le ménage balaie l'horizon.
Les effluves s'élevèrent comme coton d'hélium, et le monde se fit beau. Élitisme démocratique et ambition exigeante firent la courte échelle aux minables masses. Le plus grand dénominateur commun se fit phare, étoile et toile, et les arapèdes se décrochèrent. Tant mieux.
Le lilas embaume les couches de prairies édéniques et invisibles. Le ciel bleu violacé s'étire comme guimauve de foire. Le tamis céleste relâche l'inutile qui terre à terre avec frayeur. Le sublime s'élève, bon élève, récompensé de ses saines pensées. La masse s'amasse, s'entasse et s'écrase. Folon s'envole, papillon luciole, albatros et plume angélique.
J'ai mangé du lilas, un soir de sage.

Comments

[Vadrot]

Soir de sage ! Sage j en doute.