Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Singulier Pluriel
Singulier Pluriel
Publicité
Singulier Pluriel
Derniers commentaires
Archives
23 avril 2016

Dormire Tomobile

14 novembre 2015 (51)

Le monde est un vaste centre commercial qui récupère le besoin de paraître et de montrer des esprits paresseux et majoritaires pour en faire des missionnaires d'une consommation ridicule et vaniteuse. On vend du clinquant et de la référence pour permettre aux médiocres de s'enduire de fausse culture.
J'ai vu Klimt décliné en parapluies, coussins et nappes, des draps de bain imprimés de Van Gogh, des portraits de Rimbaud sur des fringues hors de prix. J'ai vu des partitions de Mozart transformées en stores immondes. J'ai vu du bleu Klein à la sauce dégoulinante et des citations de Brel dénonçant la bêtise sur les murs Facebook des profils les plus bêtes.
Depuis qu'on peut acheter des Picasso sur roulettes, qu'on prend Victor Hugo pour une station de métro, Voltaire pour un boulevard et Socrate pour un restaurant exotique, tout est possible.
Le monde est un pot de chambre en plastique fabriqué industriellement, démocratie oblige. Il fallait apporter la culture au petit peuple, on lui apporta l'ordure. On voulait l'ouvrir à l'esprit critique, on en fit un égoutier complice, placide et servile.
Mais tout se meurt et se fige sauf les apparences. Elles font illusion, elles donnent le change, elles étayent les ego en carton, future pâte insipide, oeuvre du prochain crachin.
"Les cons n'arrêtent pas de tourner/Les autres de les regarder" chantait déjà Ferrat au Pauvre Boris.
Mais le commerçant en chef et son habileté ne sont comptables que devant leur conscience. Car ce sont bien les petites mains et les petits portes-monnaie qui sont coupables d'alimenter la machine à décadence. Sans consommateur zélé, point de vendeur engraissé. Exiger la dignité et l'intelligence est une action politique.

Le monde s'endort et pose son baluchon révolutionnaire au pied du sapin conformiste. Et la jeunesse ne joue plus son rôle. Tout au plus, elle fait semblant, un temps. Couchée se croyant debout, conventionnelle se croyant libre. Elle cherche de la sécurité quand on la voudrait aventurière, elle est festive et pathétique. Elle sera fonctionnaire et se gargarisera de ses années de "lutte" confortable. "Les enfants de bourgeois jouent à la vie dure". Heureusement, d'autres, minoritaires, bougent, innovent, tentent, prennent leur risque, marchent sur un fil, labourent l'horizon. Ils seront entrepreneurs, aventuriers, explorateurs et poètes. On les récupérera, bien sûr, pour en faire des emballages, des icônes, des produits, une boisson fraîche euphorisante pour le corps et anesthésiante pour l'esprit.

La masse dans sa lourdeur et son inertie a l'alitération efficace malgré tout et les "lourds canons roulant vers Austerlitz" écrasent les élégantes et nobles touches de fleuret et les exploits individuels. Et le temps est du côté des lourdeaux. C'est par éclairs, par sursauts qu'on avance malgré tout... au ralenti. Globalement ralentis. Ralentis par les frileux.
Le temps a choisi son camp. Il ne respecte rien.
A Tanger, un aventurier nommé Kerouac avait élu domicile un moment. De la proue de l'Afrique il regardait le Vieux Monde. Ouverture et horizon, aventure et Beat Génération. Savez-vous ce qu'est devenue la maison de Jack ? Un parking. Oui, un parking pour voitures. Ironie du sort, on a figé le mouvement. Sac à dos contre immobilisme. Sur la route, un parking. Rangées, les voitures. Dormire Tomobile dit le parking. Eh bien dormez tranquilles, le temps fait son oeuvre de calcification, d'embourgeoisement. Sans doute, un jour, vue sur l'Espagne quelqu'automobiliste, concentré d'époque, aura stationné sa Picasso chez Kerouac. Dormire tranquille Tomobile !

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Je ne parlais pas "optimisme" mais de la réalité des faits concernant les (grandes) entreprises (dites) publiques. <br /> <br /> <br /> <br /> "Dans les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) (Réseau ferré de France (RFF), Société nationale des chemins de fer français (SNCF), Régie autonome des transports parisiens (RATP), dans les sociétés publiques (Radio France, France Télévisions) et dans la plupart des organismes de sécurité sociale, le personnel est entièrement de droit privé (sauf cas exceptionnels de fonctionnaires détachés). Toutefois, pour des raisons historiques, une partie des personnels de certains établissements publics à caractère industriel et commercial, comme l'Office national des forêts (ONF), voire d'entreprises maintenant privées, comme Orange et La Poste, relève du corps des fonctionnaires de l'État. <br /> <br /> La Poste et Orange embauchent désormais des personnels selon les règles du droit privé." Sce Wikipédia
Répondre
L
Juste je me permets une petite rectification sans préjuger d'un fond qui d'ailleurs ne me déplaît pas:<br /> <br /> "Elle (la jeunesse) sera fonctionnaire". Cà, cela m'étonnerais fort même si elle en avait envie.
Répondre
Publicité