Dans le ventre des sensibles

Dans le ventre des littérateurs, il y a la glaise du devenir. Matériau porteur d'espoir et de cathédrales à bâtir. Écrire des mots de terre malléable et en faire des portées s'élevant de leurs hampes vers des cieux prometteurs imprimés et reliés comme horizon coud ciel et mer, est un acte abdominal. Terrassiers aux mains propres, ils plument et ils truellent sans bien différencier l'abstraction du réel. Cracheurs de flux, ils s'arrachent le dedans et s'abîment la santé à monter des parpaings à l'horizontale.

Les entrailles des poètes ont un parfum de mort d'avoir trop macéré dans le chaudron de l'introversion. Et si la solitude s'en mêle, la douleur attache le fond de la casserole. Les viscères du cerveau, naïfs travailleurs ont fait des noeuds baladeurs de pendus alors qu'ils s'évertuaient à tirer les bords et souffler sur le vent. Pédaleurs d'appartement aux ambitions tourmalesques, ils crèvent du peloton et des bobs Ricard assoiffés d'inutile et de grégarité.

Dans le coeurps des sensibles, il tremble des tempêtes qui jouent à domicile et butent contre leur camp. Des hommes d'équipage hurlent avec les loups et houspillent le naïf à la peau diaphane, dont la foi de cristal leur renvoie des musiques que des oreilles bourrues reçoivent comme leçon. C'en est trop ! La horde aura raison du freluquet ménestrel.

Dans la soupente de la calebasse se tordent des esprits, trop pudiques pour danser, trop dignes pour se plaindre et trop purs pour godiller. Ils sont l'ombre conscience, la cible expiatoire et l'humus de demain.