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Singulier Pluriel
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17 janvier 2017

Leçon de choses

07 janvier 2016 (25)

Les sarments qui brûlent crépitent comme des eaux qui craquent liquide. Les soleils noirs d'Hugo ont des joyeusetés fortes. La fin sent bon. Tirer le volet et sentir son grincement dans son corps rend la vie vivante, surtout celle qui s'en va. Au loin, des bruits de ville s'entretuent sans vainqueur. La campagne attend mon heure. La beauté du sordide sort des sables et l'objectif fait le point en automatique. C'est la vie qui prend corps sans le ranimer. L'essentiel a des parfums de nuits qui ont de l'épaisseur. Les discours des terrasses d'été, chandail sur les genoux, parlent vrai par des visages voilés. 
J'ai marché sur une brindille, en ville. Et un camion a roulé sur ma mémoire, un membre végétal s'est divisé en deux pour se multiplier, en deux. L'arithmétique a des mystères que la nature éclaire. L'enfant de là-bas joue pour les autres des refrains sans vagues depuis toujours. L'humus veille, couve, étouffe et garde au chaud des désirs de conquête. L'étoile est toujours lointaine. Au fond des cœurs battants, des retenues punissent.
L'automne n'est qu'un hiver qui bruisse, il bouge encore un peu. Ses lendemains fleurissent déjà les tombes de corps raidis du froid des ans. Et le monde fait semblant. Il fait semblant de croire qu'il a quelque pouvoir sur l'éternel bouillon. Il réchauffe ce présent, rêvant d'ailleurs, rêvant d'amour, recouvrant l'historiette d'hier d'un manteau réinventé pour un public complaisant.
L'ennui passe la vie comme d'autres passent plats ou murailles. Il fait son numéro et perd à tous les coups. Tous. Car la souffrance est essence au coeur des travailleurs du jour ou de la nuit, des arpailleurs du rien, pour rien.
De la cour au jardin, de temps à autre, fulminent un éclair, deux éclairs, une guirlande et la fête fait sa fête sur fond de décor figé, immuable, paresse. On souffle les bougies et les bougies s'éteignent. La vie n'est que fumée qui s'évapore. Plus légère que l'air, elle s'envole plutôt que s'écrabouiller, mais le résultat est pire. S'effilocher au lieu de s'éclater, n'a pas plus de mérite. Un écran rouge de sang peut être une œuvre d'art, dernier sursaut possible et dernière raison d'espérer. Quand, vieux drap gondolé qui finit en lambeaux, en étirements alanguis vous fait bâiller une foule en chorale mortuaire.
Le matin est tout là, en tapis rouge ou blanc suivant l'action du jour, paillettes ou élan. Mais il n'est que matin qui laissera sa place au zénith temporel et aux dos douloureux pour finir paillasse aux grincements de volets de bois mouillé. Trop tard.
Trop tard, toutes portes se ferment et l'illusion salue son public. Restera une venelle qu'il faudra bien viser pour sortir de ses tripes quelques mots alignés ou quelques gouaches explosées. Rien d'autre. Il vaudrait mieux contempler le cortège que d'en être, c'est une leçon de choses.

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Commentaires
S
Triste, triste... mais beau quand même.
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