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Singulier Pluriel
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17 février 2017

Se poser

03 février 2017 (48)

Il est sage de savoir rendre les armes à temps. Se plier au verdict avant le K.O. Lâcher l'affaire. Abdiquer.
Les coeurs-gros-comme-ça se fixent des missions aux immenses dimensions et s'inventent des combats toujours plus difficiles. Équipés de courage, de volonté et d'une persévérance hors du commun, ils s'habituent à grimper sur l'échelle, toujours plus haut, et s'aveuglent eux-mêmes de leur réussite. Alors, ils ne voient pas le mur ou le vide ou l'épuisement qui sourdaient pourtant depuis longtemps. Tout puissants sur eux, invincibles face aux épreuves, ils y ont cru, y ont fait croire les autres et leur ont fait de l'ombre par la même occasion. Mais, souterrainement, la corde se rongeait. Quelques esprits éclairés, avec des vies d'avance, les alertaient. En plus d'aveugles, ils étaient sourds, et sûrs de leur fait. Messies nouveaux, on leur avait assigné un rôle à la hauteur, croyaient-ils, de leurs ambitions et de leurs moyens. Convaincants de tant de certitudes, ils excellaient dans l'art de l'argumentation solide. Ils finissaient par se croire sur un autre plan que le commun des mortels, et le commun des mortels le croyait lui aussi.

Puis, Patatras ! L'élastique, la corde, le câble et les certitudes s'explosent d'un coup, d'un seul, dans la seconde. Sans plus piliers, le plongeon fait son oeuvre longtemps, sans ressources et les quelques agitations des membres n'ont aucun effet. Tant que le fond des abîmes n'est pas atteint, la chute s'accélére. Des décennies d'opinions, de certitudes, d'apprentissage et de construction se réduisent à néant. On change de langue et on n'a plus les mots. Un autre métier est à apprendre au niveau débutant.

Alors seulement, les doux coeurs qui protégeaient la chute se transforment en vents favorables pour remonter la pente. Autrement. Forcément autrement. Il aura fallu le chaos aux coeurs vaillants pour s'assagir. Passage obligé. Sans lui, salutaire disjoncteur, ils auraient grimpé jusqu'au faîte de l'arbre et la dernière brindille, si fragile et livrée à tous les vents aurait fini par les envoyer s'écrabouiller au sol, une bonne fois pour toutes.
Le corps le leur avait dit, et souvent : Ralentis. Les amis aussi. Mais la construction génétique et éducative, ainsi que les tuteurs créés par le temps, par nécessité, s'étaient enkystés en eux. Ils faisaient avec, certains que c'était leur propre chemin. L'orgueil, le même dénoncé chez les autres, n'était qu'orgueil, comme chez les autres. Il fallait que cela soit pour enfin être. Être sans plus. Sans plus extravagantes ambitions et inutiles souffrances.

Alors, ils se regardent, un temps, lâcher prise, font comme si, puis "lâchent faire". Tout est pour le mieux. Sans plus combattre, sans s'user la corde et la santé.
Ils prennent leur retraite des engagements terrestres. Ils demandent pardon aux lanceurs d'alerte. Ils rangent les couteaux et se rangent des sarbacanes. Ils recouvrent la vue pour découvrir la vie. Pour eux et pour les autres. Apaisés et confiants.
Avant de se re-poser (en paix) il convient de se poser (en vrai).

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Commentaires
B
La renaissance, c'est une seconde chance à laquelle peu de personnes ont le droit. Si elle est associée à la prise de conscience, cette deuxième vie ne pourra être qu'une réussite...<br /> <br /> Bon dimanche :)
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L
Sourire: Mes amis du mercredi te diraient que tu leur as "piqué" leur littérature...(faite aussi d'expériences de vies)<br /> <br /> Très amicale plaisanterie et belle écriture, forme et fond.
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