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28 février 2021

Scènes de ma vie ordinaire

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Après une nuit agitée par un rêve très bizarre, j'ai sorti le scooter de son hibernation pour aller au village et savoir s'il était, lui, sorti de la sienne. Eh bien, il n'y avait pas foule. Deux malheureux stands sur le marché et une boulangerie déserte. Sur la terrasse de Chez Fanfan, le cafetier devisait avec le boulanger. On aurait passé l'image en noir et blanc qu'on se serait mis à chercher Monsieur Brun et les caméras pagnolesques. C'était calme. Il est vrai qu'aujourd'hui les conflits de village se règlent sur Facebook. Dans un coin de la place, assise sur un muret, l'animatrice des derniers frottements facebookiens tapotait son smartphone. Sans doute, répondait-elle à un commentaire sur son coup de gueule de la veille. On a perdu des choses. Sans aucun doute. Il fut un temps où les crêpages de chignon se faisaient en couleurs près de la fontaine. Je ne me mêle pas de ces mésententes villageoises, mais je sais qu'il s'agit de Comité des fêtes duquel on démissionne et de choix contestés sur les prochaines manifestations. On se croirait à l'Assemblée alors que nous sommes dans un village de 900 habitants. Je m'en suis retourné, pain aux céréales et tarte aux pommes sous le bras, certain que l'ennui lié à la crise sanitaire inventait des raisons de s'occuper l'esprit ou les nerfs. Pagnol, au moins, imprimait des pages qui finirent pellicule. La Provence a bien changé.

Pendant que je prenais mon café de dix heures, j'ai raconté mon rêve. Ici, nous faisons de la psychanalyse familiale au soleil. Cette nuit, donc, je suis allé avec ma compagne récupérer mon fils, ou mon petit-fils, à la maternelle. Nous étions d'abord en retard, puis en avance. La cour d'école était grande et j'ai dû revenir vers l'entrée pour récupérer mes chaussures, car j'étais pieds nus à la porte de la classe. Je fus stoppé dans mon élan par une inondation de la cour. Regardant mes pieds, j'ai vu que mes chaussures y étaient de nouveau. Il s'agissait de ma paire de chaussures de sport bleue de marque Mizuno. Demi-tour, je dois rejoindre ma famille. Mais au milieu de la cour, apparaît un portail de sortie ouvert exceptionnellement pour laisser passer un corbillard. Bon sang, mais c'est bien sûr, nous allons à un enterrement. On doit d'ailleurs m'y attendre. Je suis en retard. Entre moi et le cimetière, il y a une colline à escalader. Je la reconnais. Je l'ai déjà fréquentée et elle ne me fait pas peur. Sauf que les obstacles se dressent pendant que je chemine. Je dois chevaucher un yak pour atteindre des tasses de thé tibétain servies par des babacools déguisés et franchement allumés. Ce n'est pas rassurant. Je ne comprends pas comment la matière végétale et minérale s'est transformée en animal. Profitant de mon questionnement, le yak me verse sur le côté. Pendant ma chute, je positive et pense qu'ainsi, je rejoindrai plus vite le cortège. Puis, m'est venue à l'esprit une chanson de Reggiani : et sans capuche ni manteau redébarquer à Yvetot un soir d'hiver. Celle-là même, du moins cette phrase, qui me renvoie à mon arrivée en France en septembre 1959. Et je me suis réveillé. Je ne sais pas quoi en faire. Je relève seulement que j'ai voyagé de la maternelle au cimetière avec quelques péripéties. 

En attendant la sieste avec l'espoir de reprendre le fil du rêve, ce qui n'arrive jamais, je vais retourner à ma lecture. Ce printemps de février me permet de lire sur la terrasse. Plus tard, je ferai un peu d'exercice et la vie passera comme ça, en petites scènes ordinaires. Cerise sur le gâteau ou la tarte aux pommes, mon fils, avec mon petit-fils, me téléphoneront et je ne leur raconterai ni les élucubrations d'un village provençal, ni mon rêve de la nuit dernière.

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