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3 juillet 2021

Dieu est un petit malin

02 juillet 2021

Dieu visite aussi les athées. Il essaie de vendre sa soupe. Alors, il offre des moments d'éternité pour nous hameçonner. Il fait sa propagande avec de gros sabots. Pas dupes, nous savons qu'il n'y est pour rien. Qu'il n'attende pas un retour. Ni génuflexions repentantes, ni piécettes dans ses troncs. Nous allons nous débrouiller tout seuls avec nos extases et nos instants paroxystiques. Nous ne lui devons rien. Qu'il passe son chemin.

Mais le bougre insiste. Il se déguise en printemps, en bourgeon, en soleil sur la mer. Il s'enveloppe d'une odeur de figuier ou d'une robe d'été. Il s'immisce dans un livre de Christian Bobin et dans le sourire d'une vieille dame ou d'une petite fille. Tout lui est bon. Il est capable de glisser le pied dans la porte qu'on lui claque au nez. Persévérant, le bonhomme ! Je l'ai même vu, un jour, se profiler derrière les vitraux de la cathédrale de Tours. Oui, parfois, il joue à domicile. 

On croit s'en débarrasser et il réapparaît, en douce, sournois. Dès que je fais une heure de sport, les endorphines qui me montent au cerveau semblent vouloir me convaincre qu'un expéditeur Tout-Puissant a mis son nom au dos de l'enveloppe. Et, puis, c'est bien de lui cette idée de mettre autant de lumière dans un tableau noir de Soulages. Il vous plante des paysages sous les yeux et file. Il vous laisse réfléchir. Attends, tu ne crois tout de même pas que nous allons plonger au moindre reflet d'absolu. Nous en avons vu d'autres sans y trouver la foi. Encore que ! La foi, nous l'avons. Mais pas forcément en toi. La foi, toute seule, juste la foi. Elle nous suffit. Nous sommes des fidéistes sans objet. Les troupeaux, c'est pas notre tasse de bénitier.

Alors, avec lui, c'est une affaire de compétition. C'est lui qui l'a voulu. On joue à cache-cache tous les deux. Je ressens, je m'enflamme, j'apprécie, je me soulève, et lui, me tend sa carte de visite. Que je refuse toujours. Il n'a pas compris qu'il prêche un convaincu. Convaincu de quoi ? De la vie, pas plus. De la vie sublimée, si ce n'est pas un pléonasme. 

Pour être honnête, il m'arrive de l'attendre, pas de l'appeler. De le guetter en quelque sorte, comme on attend l'Arlésienne. Et le plus souvent, l'élévation le précède. J'en conclus, qu'arrivé, après la bagarre, il cherche à s'attribuer des bienfaits déjà révélés. Et pour les miracles, je les prends comme un don du... Mon Dieu, qu'allais-je dire ? Il a investi mon esprit ou quoi ? Je les prends pour un don du soleil. Voilà, je suis parti à la concurrence. Le soleil me va. Et me suffit. Je suis un Aztèque des Temps Modernes.

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