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Singulier Pluriel
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14 septembre 2021

Marcher

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Je connais peu de choses plus agréables que de marcher le long d'une plage, sur le sable mouillé là où les vagues viennent donner un coup de langue sur le pied le plus proche de l'eau. Il faut bien choisir sa trajectoire. Trop loin et c'est le sable mou qui s'infiltre entre les orteils. Trop près, c'est le sentiment de marcher dans une flaque, un flop à chaque pas. J'ai fait des kilomètres sur une plage corse, en marche rapide, concentré sur mes muscles, tête en l'air, ne voyant personne et certain que personne ne me voyait. A mi-chemin, j'ai glissé dans l'eau. J'avais pied longtemps et j'ai pourtant nagé, ventre à terre. Les vaguelettes de sable du fond de l'eau troublaient ma vue. J'ai oublié le temps. Au retour, j'ai repris la frontière entre mer et plage. J'y ai tracé mon trait de crayon, aussitôt effacé par les vagues. Qu'importe ! J'ai laissé ma trace au moins dans ma mémoire.

Je confonds deux livres lus, il y a quelques années : "Marcher, méditer" et "Marcher, une philosophie". Je crois que les titres auraient suffi. Quoi dire de plus sur les effets de la marche solitaire. Partout. Sur une plage, dans les bois, en montagne. Ça vous monte au cerveau cette affaire, comme ça vous traverse le corps. Par le bas, par le haut. C'est physique, mental et spirituel.  Des coussinets sous les pieds qui activent une pompe et créent tout cela, c'est magique.

Je reviens à ma plage. Car c'est assez fabuleux de se sentir si libre et si léger. Les pieds nus donnent des ailes et le plus simple vêtement allège.  Du coup, à chaque pas, on se soulève. Au large, quelques bateaux prétentieux envient ma liberté. De l'autre côté, des allongés passifs attendent la mort, au soleil. Entre les deux, je glisse sur le sable humide comme un pinceau dessinant l'horizon. Au loin, la Citadelle de Calvi grossit à chaque pas et les kilomètres s'allongent sans effort. Je ferai demi tour à son approche et changerai de pied mouillé. Le soleil dans le dos, je poursuiverai mon ombre sans la rattraper. Plus tard, je raconterai cet instant d'activité poétique. Je ne saurai en restituer que l'écume. Le reste sera enregistré à jamais dans mon corps et dans ma mémoire. 

Et comme souvent, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que pendant cet instant-roi,  d'autres changeaient à Châtelet. Cela me permet de goûter mes privilèges et de ne pas finir blasé. J'ai la joie consciente et la plénitude enveloppante. Je retournerai, demain, et après-demain, sur le même chemin, tendre le même fil et en faire une expérience pleine et, à chaque fois, nouvelle.

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