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26 octobre 2012

La Princesse du Mont-Boron

23 mai 2012 (28)

Être belle, ça ne suffit pas. Mais être très belle, ça pourrait suffire.

Il est dans notre bonne ville de Nice, un quartier dit Mont-Boron. Dans les vitrines des agences immobilières, les biens en vente au Mont-Boron le sont au prix de "Nous consulter". On aura compris le prestige du lieu. Nous ne décrirons pas ici, les villas, les châteaux, les points de vue sur la mer, la nature et quelques oasis de paix exceptionnelles. Nous nous attarderons voluptueusement sur une apparition. Une apparition à la régularité métronomique.

Tous les matins, à la même heure, une Princesse descend le boulevard principal qui déverse, enveloppé de soleil, l'Est de la ville dans son port. Une Princesse, vous dis-je ! Elle glisse comme sur une piste verte, tout en douceur, en facilité, en longues courbes de hanches fluides et harmonieuses. Elle descendrait un grand escalier avec la même élégance ; la foule, aux anges, l'accueillerait comme Vierge Marie.

La Princesse n'est peut-être qu'apparition, mais tout le monde la voit. Le trottoir est à elle et tout se fige à dix mètres alentour le temps de son passage.

Le plus beau est l'innocence de la dame. C'est sûr, elle n'a aucune conscience de son effet. Sa grâce est naturelle et modeste. On parierait qu'elle croit ses semblables, semblables. Aucune fausse note, aucun faux pas. Démarche, parcours et attitudes sont immuables. Quand on a atteint la perfection, pourquoi changer ? Ses formes pourtant sublimes ne sont rien, comparées à son allure. Ses yeux d'une beauté exceptionnelle n'arrivent pas à la cheville de son regard. Et son aura vole la vedette à son image.

Croyez-vous que depuis le temps que sa noblesse fait tourner la tête de tous les soupirants du Mont-Boron, un seul ait eu le courage de s'en approcher, d'oser une parole, un regard franc ou même espérer une minuscule attention ? Non. Chacun sent bien qu'il pourrait briser le charme et préfère l'infarctus quotidien devant tant d'absolu et de sainteté au risque de voir s'évaporer la créature.

La princesse n'a pas d'âge. En tous cas, pas un âge qu'on peut donner. Car tous ceux qui s'y sont essayés étaient tellement troublés qu'ils annonçaient des extravagances. De 20 à 50 ans, la fourchette était trop large pour s'en servir utilement. Blonde, brune ou rousse ? Que nous importe, elle est, elle va, elle vient, dans sa divine pureté, pour l'équilibre de chacun et pour la paix civile. Elle est d'utilité publique.

Elle ne sait rien de son pouvoir et des claviers qui s'affolent à tenter de lui sculpter un portrait, et c'est tant mieux. Laissons-la continuer longtemps à caresser nos émotions en toute ignorance.

Gardons le mystère. On pourrait se repentir de vouloir déshabiller l'image idéalisée. A chaque couche ôtée, on risque la désillusion, comme chaque pelure d'oignon fait monter les larmes. C'est vrai quoi ! On pourrait tomber sur une fumeuse, une qui fait des fautes d'orthographe, une qui mettrait du patchouli, une voix rocailleuse, une communiste, que sais-je encore... Non, non, restons-en là : La Princesse du Mont-Boron n’est pas seulement belle, elle est très belle et ça suffit largement.

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Commentaires
A
"Je voudrais dédier ce poème à toutes les femmes qu'on aime pendant quelques instants secrets". Ce sont bien les passantes de Brassens qui me sont venues à l'esprit à la lecture de ce texte.<br /> <br /> <br /> <br /> Il est bien préférable en effet de laisser le mystère entourer le charme. laisser le secret de cette princesse envoûtante qui continue de diffuser sa grâce autour du Mont Boron.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien amicalement,<br /> <br /> <br /> <br /> Antoine
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