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17 décembre 2012

Une madeleine âcre

25

Il est des réveils dont on se passerait. Comme des sommeils.

Ce qui aurait pu être un doux rêve pour d'autres s'avèra un cauchemar poisseux, collant et tenace. Il ne me quitta qu'à l'heure d'une petite sieste qui s'avèra purificatrice. On ne rappellera jamais assez les vertus de la sieste.

Je fus donc attaqué, c'est le mot juste, en pleine nuit, par une madeleine tout droit venu d'un inconscient qui sans doute avait des comptes à régler avec le maître de mes lieux. C'est son boulot. Qu'il le fasse. Mais qu'il ne compte pas sur moi pour lui faciliter la tâche. Parce qu'en plus ces saloperies avancent masquées. Elles attendent la nuit et profitent d'une vigilance relâchée durant cette pause indispensable, pour vous contaminer d'inutiles souvenirs. Si elles étaient claires au moins, qu'elles délivrent leur sens avec courage, qu'elles livrent leurs images avec netteté. Pensez-vous, elles floutent, elles "sournoisent", elles embrouillent.

Enveloppé dans une odeur de pain perdu, un tissu léger, type voilage, d'un mauve diaphane, imprimé de vert, vint chatouiller mes sens. Mauve et vert. Débrouille-toi avec ça ! Violettes et tilleul ? Ça sent le flash-back d'un demi-siècle, mais ma mémoire reste muette. Cette madeleine subie ne me fait aucun plaisir. Au contraire. D'ailleurs, une madeleine ne me fait jamais plaisir. Plutôt du genre à considérer la nostalgie comme un des pires freins à une vie riche et harmonieuse, je la rends responsable d'une mélancolie handicapante. Et la mélancolie, j'aime à lui régler son compte à coups de pieds dans sa grasse bedaine. Alors, nostalgie et mélancolie se ligueraient-elles pour se venger ? Ce n'est pas tant le tissu bicolore qui m'embête mais son mystère.

Au diable les violettes et le tilleul, la recherche du pain perdu et les madeleines infantilisantes comme le sucré anesthésiant ! Je m'en vais retrouver les siestes vivifiantes, le pimenté qui redresse et le zénith comme horizon ! "Debout les morts et à la douche ! Nous voulons des cadavres propres" disait le poète. Et il avait bien raison.

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