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5 février 2013

De la paresse et de la bêtise

02 février 2013 (16)

On aurait pu commencer ce billet sur les chapeaux de roue en affirmant que "la bêtise, c'est de la paresse", citant Jacques Brel. Se le faire confirmer par Belinda Cannone "- Doit-on compléter notre réflexion sur la bêtise de l'intelligence en la décrivant comme une paresse de l'esprit ? - Cela me paraît nécessaire et juste". Puis, immodestement, renvoyer à une paresse intellectuelle décrite jadis par votre serviteur. Les liens étant actifs, cela aurait suffit à la démonstration et la Une du jour était bouclée.

Mais, c'eût été pure paresse, aurait, saisissant la balle au bond, commenté le premier lecteur. Aussi, le devoir de cohérence exige un billet un peu plus consistant.

Si la bêtise, c'est de la paresse et que je ne suis pas bête, je me rends bien compte qu'avec un peu de volonté, j'éviterai des comportements bêtes, donc préjudiciables. Aussi, on ne peut pas dire que je ne sois QUE paresseux, je suis aussi bête, puisque la lueur d'esprit ne vient pas jusqu'à moi.

Maintenant que je suis bête, peut-on dire que j'en suis responsable ? La bêtise, c'est de l'inné ou de l'acquis ? Une fatalité ou une pathologie ? S'il s'agit d'irrémédiable, on aimerait un aveu, afin de pouvoir classer le constat et ne plus se fatiguer à chercher un remède. Mais c'est chose impossible. Trop bête pour ça ! Car, comme disaient Descartes et Coluche à propos de l'intelligence, c'est avec ça qu'il juge. En revanche, si la bêtise est remédiable, on peut s'en prendre à la paresse. La question demeure : le courage nécessaire à la correction de la bêtise peut-il être le fait d'un paresseux ? Soit il l'est et alors celui-ci n'est plus ni paresseux, ni bête. Soit il ne l'est pas et peu nous importe de savoir s'il est paresseux, puisqu'il est bête.

Mais la paresse est-elle de la bêtise ? On serait tenté de répondre spontanément par la négative. Mais, la spontanéité étant mauvaise copine, il convient de creuser la question. Et ma réflexion m'emmène vers une réponse contraire. Oui, la paresse est de la bêtise. Pour commencer, la paresse a tendance à nous assimiler à la bêtise, comme nous l'avons vu plus haut, aussi, évitons déjà d'être paresseux, rien que pour ça. Ensuite, la paresse empêche ou freine, la réflexion, la remise en question, le mouvement, l'action, l'évolution. La paresse est statique et conservatrice, bourgeoise et apathique. Tous ces mots qui s'opposent à l'intelligence.

Reste la paresse assumée, celle du corps souvent. Elle oblige parfois à plus d'organisation pour moins d'efforts et de perte de temps ou d'énergie.  Il lui arrive d'être indolence ou rêverie, farniente régénérateur, vide méditatif. Mais ce n'est plus de la paresse alors, c'est de l'action-inaction intelligente. Et, le bien connu "Droit à la paresse" de Paul Lafargue, est de ceux-là. C'est une sagesse plus qu'une paresse.

En conclusion, la bêtise est une paresse et la paresse ("intellectuelle") est une bêtise. Et le problème de la bêtise n'est pas qu'on en fasse, mais bien qu'on en soit.

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Commentaires
S
Intéressante et savoureuse construction, bien vu. Quelques réserves si tu veux bien, selon une certaine "éloge de la paresse" qu'il me plaît régulièrement à défendre. Il y a dans le génie humain, un "esprit de paresse" qui le pousse à rechercher et trouver en pemanence les moyens de moins se fatiguer. Les besogneux, je les respecte, mais il y faut un objectif valable. Personnellement, j'ai de temps en temps le désir clair de m'ouvrir une bonne bouteille de "Paresse". Oui, pour moi, la paresse doit rester un acte choisi, temporairement. Juste le temps à l'esprit d'infuser, en roue libre, hors contrôle, et de restituer plus tard à l'insu de notre plein gré quelque excellente idée ou autre mot inespéré. La paresse est aussi sagesse quand elle est caresse... de notre Moi profond.
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