Du matin... du soir

Certains sont du matin et d'autres du soir. C'est ce qu'on dit. C'est ce qui se dit. C'est annoncé comme une fatalité, une aptitude congénitale. Et surtout, c'est assez rare pour le souligner, on ne juge pas le camp adverse. On constate. On assume. On prend comme c'est.

Personnellement, je suis du matin. Mais j'ai une autre caractéristique, je hiérarchise et prétends que ceux qui sont du matin sont supérieurs aux autres. Et pas seulement parce qu'ils sont propriétaires du monde comme on dit, ce qui est la moindre des choses, ni parce qu'ils arrivent les premiers. Encore que. Certains noctambules jouent tant de prolongations qu'ils peuvent être encore dans les lieux à notre arrivée. J'ai si bien choisi mon camp que je dis "être du matin" et "paraître du soir". Je sais, ce n'est pas charitable, mais j'écris ce billet en seconde mi-temps, il faut me pardonner, je suis au crépuscule de la créativité à cette heure.

Pas militant pour un sou, je ferais bien une exception en menant un combat pour l'instauration de deux matinées dans une même journée. On terminerait par un tiers-temps en pente douce, un sas de décompression menant au repos du guerrier. Nos deux matinées auraient été si dynamiques, si efficaces, que le sommeil satisfait nous reposerions nos corps et rechargerions nos batteries en toute sérénité.

Au lieu de cela, l'organisation établie, nous impose des après-midi interminables et flasques. Ensuquées par le soleil ou saucissonnées par moult activités déconcentrées, pire, consacrées au divertissement parfois, elles nous bouffent le temps et l'énergie. Votons pour deux matinées et notre productivité en sera décuplée. Deux matinées avec sieste en trait d'union bien sûr, il faut garder les fondamentaux. 

Avez-vous remarqué comme les couples sont souvent complémentaires ? Il y a celui qui garde et celui qui jette, celui du matin et celui du soir. J'ai quelques exemples en tête qui me font dire que celui qui jette est  du matin et le conservateur est le couche-tard. (La valeur scientifique de cette observation est toute relative bien sûr)

Je suis du matin et j'en suis fier, vous l'aurez compris. Je pousse mon parti pris jusqu'à plaindre le camp d'en face qui ne connait pas le bonheur du coq, l'émotion du spectateur de l'aube, la complicité de la confrérie des lève-tôt avec Dutronc et Lanzmann, le fourmillement des idées qui se disputent l'honneur de sortir du crâne les premières comme course de spermatozoïdes ondulant des hanches à toute vitesse. 

Une dernière pensée, un peu avachie à cette heure, me fait remarquer que si j'ai connu quelques ramollis qui n'étaient ni du matin ni du soir, je n'ai jamais rencontré de phénomènes au zénith de tôt le matin à tard le soir.

Comments

[patrick]

je fais parti de la confrérie,Claudio.