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20 septembre 2013

Maria est infirmère (sic)

Fille aînée d'une fratrie de mâles, Maria secondait la mère avec plaisir et efficacité.
A l'âge adulte, il lui fallut partir. Quand c'est l'heure, c'est l'heure. Le vide s'installa en elle. Qu'allait-elle faire ? Plus de lessives de colonie, plus de tambouille de régiment, plus de gueulantes de cheftaine.
Le vide.
Un jeune marié tout frêle à l'appétit de moineau ne pouvait à lui seul combler le besoin de Maria de se sentir utile. Ajoutons à cela le sentiment d'abandonner la marmaille quasi-progéniture et l'infirmère-née perdait sa raison d'être.
Être femme ? Être épouse ? Vous n'y pensez pas. L'entourage, le mari, la voisine et Mireille Dumas le lui rappelaient sans cesse : Elle avait bien travaillé, s'était occupée de ses frères. Il lui fallait à présent souffler, se faire plaisir, sortir, se distraire, se construire en tant que Femme.
Balivernes ! Une infirmère est une infirmère, point à la ligne.

Ni une, ni deux, et Daniel fut mis à contribution. Six ans plus tard, ils obtenaient la Carte Famille Nombreuse à vie. Cinq marmots. Que des bons gars. Du pain bénit pour Maria. Quelques belles années à porter, soigner, nourrir, materner. 
Daniel était foutu. Avec l'infime espoir de retrouver sa femme au départ des enfants, dans vingt ans au mieux, il se laissa faire. Les pieds sous la table, c'était son rôle, celui qu'il n'avait pas choisi. Celui qui assouvissait la compulsion de Madame.

Maria se croyait généreuse bien sûr. Vous pensez ! Tant de dévouement, d'abnégation, de sacrifice. Elle visait la médaille de la Famille Française et œuvrait pour battre le record de litres de larmes versées autour de son cercueil.
Oser avancer qu'il s'agissait là d'une forme d'égoïsme serait pur délire.

Les années passèrent. Les premiers petits-enfants arrivèrent tandis que les derniers Tanguy faisaient plaisir à leur mère sans effort, formatés en un ou deux mots, c'est pareil.
C'est alors, seulement, que Daniel comprit.
L'espace dont il avait rêvé n'apparaîtrait jamais.
Une infirmère ne se change pas. Elle est ainsi. Elle fait son fonds de commerce de vos carences et vous freine dans votre recherche d'autonomie. Sinon à quoi elle servirait, elle ?

La recherche des honneurs est bien sournoise chez les Maria. 
Restent les innombrables gogos pour s'émouvoir d'une vie "au service des autres". Ceux-là, l'œil primaire et le bon sentiment en bandoulière, les confortent. 
Aussi, les Maria se reproduisent. Castratrices et geôlières, elles font tout ce bien qui fait tant de mal.

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Commentaires
D
Oh que oui, elles existent... Et si, tout en gentillesse et pleines de compréhension, elles peuvent insidieusement tenter de vous culpabiliser de ne pas avoir choisi la même voie qu'elles, elles n'hésitent guère...
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A
Je n'ose évoquer une Maria que j'ai bien connu...
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