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9 octobre 2020

Retour de vacances

15 septembre 2020 (26)

Quatre semaines de vacances à travers la France, surtout de l'ouest, ce n'est pas rien. Il y a de quoi alimenter la machine à réfléchir quand sa vie est basée sur l'analyse plutôt que sur la jouissance.

J'ai croisé des amis, de la famille, en région parisienne, Normandie, Bretagne et Périgord. Deux saisons se sont succédées violemment ; l'été caniculaire a laissé place à un automne froid et pluvieux en un éclair, une page qui se tourne et claque d'un coup. Mais, raconter ses vacances n'a aucun intérêt pour ceux qui ne les ont pas partagées. Sauf si on y a décelé quelque chose de plus global, une ambiance générale qui pourrait se dupliquer si on s'amusait à la superposer à d'autres vacances, d'autres régions et d'autres personnes.

C'est bien ce qui s'est passé pour moi. J'ai relevé un fil rouge pas folichon que chaque rencontre et chaque événement confirmait. J'en ai rapporté un sentiment de tristesse, une déception. Et, en même temps, une envie folle de bousculer cette morosité rencontrée presque partout. Si je disais abruptement que la France est dépressive et qu'il me vient l'envie de bousculer le monde pour lui rendre des couleurs, je dépeindrais assez justement mon état d'esprit. Mais c'est facile, me direz-vous, quand on est dans une phase de sa vie où les choses vont plutôt bien. Oui, je l'admets, mais je sais aussi que me servent dans ce mouvement les expériences passées où j'ai moi aussi traversé les ténèbres. J'en garde une flamme toujours prête à éclairer autour.

Plusieurs mots pourraient définir ce que j'ai ressenti. J'en retiens un, celui de solitude. Beaucoup de gens en souffrent, même ceux qui ne vivent pas seuls. Certains l'avouent d'autres pas, mais on sent dans les discours des mélancolies qui engourdissent bras et jambes. Il y a ceux qui tuent le temps par manque de passion, ceux qui attendent par manque d'espoir et ceux qui se morfondent par regret d'une vie mal gérée. On les écoute, on les comprend et on fait ce qu'on peut, juste ce qu'on peut pour laisser passer l'idée qu'un jour le soleil peut se relever.

J'ai donc cotoyé des vies pas joyeuses qui pourtant donnaient le change, tenues par quelque décence et quelque dignité. Mais qui sait ce qui se passa plus tard face au miroir, au vide ou à la désespérance. Je ne sais pas. Je me doute, un peu. On me dit que l'effet COVID n'est pas étranger à l'état psychologique des gens, que je le minimise, que le confinement a fait des dégâts dont nous n'avons pas encore vu toutes les conséquences. C'est possible. Et je sais que certains l'ont subi de façon très violente, enfermés, isolés, cloîtrés plus que confinés. Je compatis, moi qui ai été un privilégié du confinement.

Ma porte est ouverte à ceux qui ont besoin de présence, de parole et de convivialité. Qu'ils laissent leur pudeur au vestiaire et viennent chercher chez nous, ou ailleurs, de quoi réchauffer leurs solitudes ou apaiser leurs tourments. Voilà les vacances que j'aime malgré tous ces ressentis. J'aime rencontrer l'humanité de chacun plutôt que me prélasser au bord de la piscine d'un hôtel du bout du monde. Chaque rencontre mériterait un bouquin mais je suis paresseux. Je ne peux donner que quelques lignes à la fois. Il faudra s'en contenter.

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