Aïkido et vie quotidienne

Je propose ici une réflexion déjà ancienne (2003) tendant à mettre en parallèle les principes de l'Aïkido et une philosophie du quotidien.
En effet, il m'est apparu que j'avais tendance à me comporter dans la vie comme l'aïkidoka se comporte dans son art. J'insiste sur le fait que le constat s'est fait après coup. Il n'a jamais été question, consciemment, de coller à cette pratique.

L' Aï-ki-do (Union de l'Energie et de la Voie) est un art martial créé à la fin du 19ème siècle, arrivé en France au milieu des années 50. Son fondateur est Maître UESHIBA et la référence française, Maître Christian TISSIER.

La Philosophie : CHERCHER L'HARMONIE : l'agresseur doit être dissuadé d'attaquer le plus tôt possible. Le dissuader si possible avant même qu'il en ait l'idée.

Les Principes : Art de la non-violence fondé sur les esquives et les immobilisations. Aucun coup n'est porté et il n'y a pas de compétition. On ne combat pas, on travaille. On n'a pas d'adversaire, on a un partenaire.

La Pratique : A tour de rôle, on simule une attaque afin que le partenaire puisse appliquer une technique et progresser.

L'Étiquette : Le Salut et le Respect, ainsi que les règles de politesse et de courtoisie donnent une certaine noblesse à cet art.
Le but de l'entrainement, c'est l'entrainement.

Le parallèle

Applications conscientes ou inconscientes dans la Vie Quotidienne :

On peut s'appliquer à la non-violence en évitant agressivité, physique et verbale, et en ne faisant pas de procès d'intention.
Pas de méfiance n'empêche pas la vigilance.

Accompagner les autres vers l'harmonie globale. C'est une attitude écologique. Je dois m'efforcer de rendre l'autre et moi-même gagnants. Si l'autre a perdu, j'ai perdu aussi.

Avoir une attitude positive et empathique évite la plupart des conflits, c'est la dissuasion. 
Étape suivante, esquiver l'attaque. Si ce n'est pas suffisant, immobiliser sans frapper pour anéantir définitivement  l'agression, et pas l'agresseur.
Donc, ne pas se servir des mêmes armes que l'autre même si c'est lui qui a commencé, même s'il insiste. Ne pas ré-agir.

Cette façon de faire crée de l'harmonie. La noblesse s'oppose à la vulgarité. La grandeur à l'animalité.
Pour cela, il est nécessaire d'être farouchement "hors compétition" dans tous les domaines.

L'addition des énergies sera toujours plus créatrice que le rapport de forces.

Deux flèches s'affrontant risquent de se briser toutes les deux. Imaginons qu'elles décident de s'associer et de monter vers le haut. Elles deviendront co-créatrices d'harmonie.

On peut donc continuer l'Aïkido sans plus le pratiquer.

Oh..! J'en ai entendu un qui parlait d'utopie. Si, si. Mais non, ce n'est pas utopique ! 

Comments

[Stéphane]

Juste 3 mots sans rapport. D'abord c'était "cathophobe" et non cathophone. Je ne suis pas un amplificateur du message des catholiques non plus : pas prosélyte pour un sou comme tu le sais. Sinon, oui, j'ai oublié un point important : depuis janvier, ton blog figure dans les Blogroll de mon propre blog ;-) Il y a par-delà nos différences, je crois, un certain penchant pour la Liberté avec un grand L...

[Stéphane]

Généralisations, jugements... Pas un problème encore une fois pour moi. Tout dépend de la façon dont on procède. Nous ne sommes pas des êtres désincarnés, nous avons tous un profil psy, sociologique, spirituel... qui colore notre expression. En tout cas, nous avons tous des racines, une ou plusieurs tribu d'appartenance avec ses codes, ses outils, ses forces, ses faiblesses... Sinon, dans la réalité des choses, empêcher de nuire et interpeller la conscience sont souvent quasi simultanées. Je connais un jeune homme qui a réveillé son père qui, pour la énième fois frappait sa mère, en l'attrapant par le colbac, le collant contre un mur et, les yeux dans les yeux lui intimer l''ordre de ne plus jamais recommencer, jamais. La vie de cet homme, son père donc, et de toute sa famille s'en est trouvée transformée à jamais. Il n'a jamais plus recommencé. J'aurais plein d'autres exemples comme cela. Il y a un temps où le bourreau a besoin d'être menacé pour s'arrêter : c'est le langage le plus adapté comme dans le dressage du fauve. C'est même souvent ce qu'il attendait depuis toujours comme une libération. Dans un des styles de Kung Fu que je pratique toujours en plus de l'aikido (le Dacheng Chuan), il est clairement admis qu'à un certain niveau, un coup de poing est capable de provoquer l'éveil. Je te remercie sinon pour la référence à "Sans Adjectif" : je confirme ici, comme je l'ai fait dans un récent post, que le fait de me dire croyant me laisse irréductible à toute "expansion du nom" à caractère idéologique ou à défaut, caricaturale. Ni homophobe, ni cathophone. J'ai pour cela l'exemple des Han Shan, Li Po, Lu Yu, Guy Gilbert, Edgar Morin, Bourdieu... Des esprits libres mais qui se sont élevés à partir d'un terreau qui a ses propres partis pris.

[Claudio]

T'inspirer m'inspire.

Je te laisse tes généralisations et jugements concernant certaines professions. D'autant que je me sens très éloigné de ces chapelles. J'en paie le prix avec bonheur.

J'ai du mal à comprendre cette idée selon laquelle il faudrait d'abord "empêcher de nuire" avant de "faire grandir". Bah on n'est pas sortis. Y'aura toujours à faire à la première étape et on ne passerait, ce faisant, peut-être jamais à la seconde.

Quant à la Foi, la mienne est "sans adjectif" si tu me permets cette éminente référence.

C'est un peu plus explicite dans ce lien... enfin j'espère.

http://singuliepluriel.canalblog.com/archives/2012/10/22/25390626.html

[Stéphane]

Houlà, Claudio, tu nous embarques là sur d'autres voies : la foi ! Rien que ça... Cette correspondance fera-t-elle l'objet d'une édition prochaine ? Pas question pour moi de dire que tu ne travailles pas dans ton atelier. Mais, pour les avoir côtoyé quand j'étais moi-même formateur en techniques de management, il y a la tentation toujours pour le coach-consultant-formateur de se penser justement au-dessus des interprétations. Rien n'est plus faux bien sûr, la façon de faire est juste différente : l'interprétation et le jugement (oui j'ose le mot) se font en creux, de façon plus elliptique. La dynamique de groupe s'interdit à raison l'étiquetage des gens ou pire, leur stigmatisation. Mais ce qui peut s'appliquer à la mise en équipe opérationnelle dans un service par exemple, ne concerne pas tous les champs de l'existence. Chers formateurs et coach de tous horizons : vous n'êtes pas pur esprit ! Vous avez des certitudes, des préjugés, des préférences, des obédiences... comme tout le monde. Enfin, quant à la foi, ce n'est absolument pas le critère qui peut nous départager. J'ai écrit un jour dans mon petit carnet à spirale que "la question de la foi ce n'est pas tant l'Homme qui croit en Dieu, mais Dieu qui croît en l'Homme". Contrairement aux humanistes athées, je pense parfois qu'il est beaucoup plus difficile de croire en l'homme qu'en Dieu. Mais je crois en l'homme, à la force du pardon, aux oasis d'harmonie, au sein du foyer ou dans l'entreprise. Non, désolé, j'ai vraiment la foi, mais l'Homme de demain se construit encore aujourd'hui dans des combats avec des individus qu'il faut d'abord empêcher de nuire avant que de les faire grandir. Bigre ! Impossible de rédiger en-dessous du feuillet aujourd'hui avec toi ;-)

[Stéphane]

Non, je n'interprète pas Claudio. Car tu extrapoles beaucoup à partir de ce que tu présentes comme organisation d'esprit et rationalité. Oui, il y a pas mal d'angélisme à mon sens dans ces raccourcis. Pour ce qui me concerne, il y a du vécu derrière ce que j'avance. Je ne m'appuie que sur le principe de réalité. Mais, pas de souci, tu ne m'as pas convaincu et lycée de Versailles. Ce n'est pas la première fois, ni certainement la dernière ! Il reste en commun entre nous, je crois, le désir peaceful de toujours choisir prioritairement une autre voie que l'affrontement.C'est cela le plus important au final. Attention à toi, quand même, Tigres et Dragons pullulent...