Pour le plaisir

Si je vous dis tout de go que l'ennemi du bonheur c'est le plaisir, vous risquez de mettre fin à votre lecture et de passer à autre chose. Aussi, j'ai décidé de prendre quelques précautions. Nuançant mon propos je pourrais dire que c'est la recherche du plaisir qui est l'ennemi du bonheur. Là encore, je pourrais vous froisser et vous perdre en route. Alors je me ravise mais ne sais plus trop comment vous prendre. Parce que je vois bien que vous ne lisez pas ce que j'écris. Encore qu'il se pourrait que je n'écrive pas ce que je pense. Je veux bien faire un effort de pédagogie mais je vous demande en retour un effort de non-interprétation.

Avançons. Le plaisir immédiat est l'ennemi du bonheur ? Non. Pas vraiment. C'est en fait la recherche du plaisir immédiat le principal ennemi du bonheur. Cette fois-ci, je le tiens. Et vous ne vous échappez pas... j'ai dit "vous ne vous échappez pas".

Ce n'est pas parce que ma quête est le bonheur que je dois refuser le plaisir. Je m'infligerais des frustrations inutiles et contre-productives. Donc, ni le plaisir, ni la recherche de plaisir ne sont un frein à mon bonheur. A condition d'être réfléchi, méthodique et organisé. Que suis-je prêt à faire comme travail et comme efforts aujourd'hui pour recevoir ma récompense demain, voire après-demain ? Accepter d'attendre, de semer sans récolter, d'investir sur le long terme me seront bénéfiques. Manger un fruit vert répondra à mon instinct et à ma gourmandise mais ne m'apportera ni plaisir ni bonheur. Il se pourrait même que ça me rende malade. Si je veux récolter plaisir et bonheur, je sème avec intelligence les graines qui un jour me les apporteront.

"Oui mais la tentation Monsieur ? Comment je fais avec la tentation, moi ? Mes mains vont plus vite que ma tête, Monsieur". "Fais-toi attacher les mains si tu ne te sens pas capable de les tenir".

Répondre trop rapidement à ses envies, ses instincts, ses pulsions, ses désirs, c'est prendre le risque d'un réveil "gueule de bois". La sagesse, et le bonheur donc, commandent plus de prudence et de tempérance.

Pourtant la presse spécialisée nous invite, quand elle ne nous enjoint pas, à nous faire plaisir et à faire ce qu'on a envie. Et les esprits adolescents plongent. Inutile de rappeler que la presse en question a des produits à vendre, à faire acheter serait plus juste, ceux dont les encarts côtoient les injonctions qui nous font tant de bien. Pour bien nous berner, elle nous fait regarder notre bout du nez et nous convainc que nos envies sont des besoins. La démocratisation de la culture psy nous seconde et nous croyons tous avoir découvert la pierre philosophale en ouvrant grand bras, ego, chakras et plus si affinités. Suffit de retourner les théories à son avantage, d'interpréter la réalité, de modeler le territoire pour le faire rentrer dans son GPS personnel et le tour est joué. Y'a plus qu'à !

Et voilà que j'ai encore dérapé. Je me promets de faire un article posé et technique et je m'emporte... je crois que je vais aller me chercher un éclair au chocolat, ça va me calmer.

Comments

[LP]

Moi c'est le titre du billet qui me fait plaisir! Me voilà à l'heure du laitier en train de fredonner "Pour le plaisir /Prendre le temps de temps en temps/De refaire d'un homme un enfant

Et s'éblouir /Pour le plaisir /S'offrir ce qui n'a pas de prix /Un peu de rêve à notre vie

Et faire plaisir /Pour le plaisir "

...Et dire que l'on se fait ch...à essayer de faire des notes "techniques" comme tu dis!

Ingratitude du lecteur de blogues...