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Singulier Pluriel
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2 octobre 2013

Le capuchon de De Gaulle

Je me souviens d'une émission de télévision où l'Amiral Philippe de Gaulle parlant de son Général de père, évoque une scène très savoureuse.
Le Général assis à son bureau avait laissé tomber le capuchon de son stylo-plume par terre. Ma mémoire ne sait pas bien qui, du père ou du fils, avait relevé le sens de la réflexion à venir, mais c'est sans importance.
On pointait l'incroyable gâchis en temps et en énergie que constituait le fait que le Général devait se déplacer pour aller ramasser ce capuchon. J'ai tout de suite compris que c'était vrai, qu'il était scandaleux de devoir faire des choses aussi banales quand on pouvait être bien plus utile. Les trente secondes nécessaires à ce déplacement auraient sans doute été bien mieux utilisées à réfléchir, à comprendre une situation, à élaborer une stratégie, à s'informer, à se cultiver. Pourquoi le Général devait-il s'abaisser, au propre comme au figuré, à des tâches que n'importe quel imbécile pouvait mener à bien sans trop de risques ?
Qu'il s'agisse ici d'un personnage illustre a peu d'importance. C'est le sens du propos qui est délicieux.

Je ne serai pas de ceux qui voient de l'arrogance dans ce questionnement ou du mépris pour une action "au ras du sol". C'est ainsi. Optimisons les compétences et chacun sera content à sa place. Les bons esprits aimeraient voir le banquier à l'usine pour tâter de la chaîne et "sentir" le terrain. Les mêmes sans doute qui s'amusent devant l'ignorance du prix de la baguette ou de celui du ticket de métro par nos politiques. Pour ma part, je suis plutôt content qu'ils ne le connaissent pas. Cela veut dire qu'ils ont d'autres chats, d'un autre gabarit, à fouetter. Et je serais inquiet de voir un ramasseur de capuchon diriger un pays et désolé qu'un dirigeant de pays ramasse un capuchon. C'est toujours le sens qui est à retenir, pas cette action précise.

Et puis, avouons qu'il y a un certain plaisir à voir le petit peuple s'offusquer de la prétendue prétention de ses élites. On aurait presque envie d'en rajouter. Mais notre esprit serait interprété comme du cynisme et si, par idéalisme, nous tentions une explication, notre épée finirait dans l'eau, car le ressenti vaut jugement et la démonstration ne serait que tentative de manipulation. Il est comme ça le petit peuple.

Revenons à nos capuchons étoilés !
Cela m'est arrivé. Hé bien, j'ai pensé la même chose. J'étais De Gaulle. Mais j'ai mis du temps à comprendre qu'à un moment ou à un autre, je devais aussi être le ramasseur de capuchon. C'est assez ennuyeux de descendre de sa propre statue. Quand on a mis le genou à terre, c'est assez humiliant de se redéplier, on a le sentiment d'avoir laissé son intelligence et sa créativité sur la moquette. On pourrait revêtir illico l'uniforme, mais non, on met plus de temps à remonter qu'à descendre. Il faut se reconstruire. On reste encore quelques minutes penché dans sa tête, car l'inspiration a du mal à remonter tout là-haut. Et encore, je n'ai pas la stature du Général !

L'ère moderne a des avantages : en général, les claviers n'épousent pas le sol ou alors une seule et dernière fois.

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Commentaires
L
Illustre ou pas, telle- en effet- n'est pas la question. Mais pour être précis, il convient-à mon humble avis-de préciser la nature du stylo; cela me paraît fondamental. Car si je ne me baisse par pour l'illustre BIC, il n’en sera pas de même pour le prestigieux (et cher) MONT BLANC. (Trop peur qu’il ne disparaisse). (Je sais, tu n’as pas de Mont blanc, je suis un fidèle lecteur). Reste donc à savoir quelle marque utilisait le Général ? Si vous m’avez compris…
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