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21 juillet 2014

Mon Procope à moi

15 juillet 2014 (1)

Depuis quelque temps, j'ai pris mes habitudes de milieu de matinée à la "Casa Nissa", en plein centre de ma ville . J'y prends mon café de 10 heures. L'enseigne est accueillante et le service sobre. Le voisinage avec la Librairie Masséna me donne l'illusion de côtoyer la culture et le savoir.

Aussi, pendant que les touristes s'accaparent les terrasses au soleil, je suis le chemin inverse. L'orientation au Nord trie son monde. Un second tri se fait à son seuil : je laisse les fumeurs s'enfumer mutuellement et le joli sol de galets me mène à la table, au fond à gauche. Je suis le seul à savoir que c'est ma place. A d'autres heures, elle accueille des mangeurs, des fêtards et, peut-être même des noctambules. Je ne veux pas le savoir. Avant les sets de table, avant le karaoké, avant les alcools, la table du fond à gauche est à moi.
Je m'installe sur la banquette, vue sur la salle et l'entrée, vue sur le possible. Poste d'observation idéal, j'enregistre. Le café arrive. Il est bon, sans être excellent. Accompagné d'un biscuit et d'un chocolat, il devient beau. Suivi d'un mini jus d'orange, il est raffiné. Ne parlons pas de la note, elle est dérisoire.

18 juillet 2014 (4)

C'est mon Procope à moi.
Je lis ou j'écris, mais, lentement, tant les yeux sont curieux. La tête se lève après chaque phrase et la vie, celle que l'enseigne nous invite à apprécier, enrichit comme personne, pour peu qu'on ait "sens" et "sens" en éveil.
Aussi, je cherche la table de Voltaire, je me prends pour Balzac, je devine Verlaine dans l'escalier, j'attends Hugo, je respire Rousseau.
Bien sûr, il arrive souvent que quelque fâcheux rabaisse le caquet de ma vanité, ne faisant aucun cas de mon monde intérieur : il parle fort et pourtant, c'est pour lui qu'il parle, ses voisins sont polis et font mine de le suivre. Il est de retour au pays et raconte à ses grands enfants ses quatre cents coups d'avant-guerre dans les ruelles voisines, ajoute que les temps ont bien changé et patati et patata. Donneur de leçons patenté, il apprend la vie aux autres. Un autre jour, son alter ego traite des affaires avec des clients. Il fait l'habitué avec le serveur, dérogeant toujours un petit poil à la carte pour montrer son aisance relationnelle et son importance. Il parle fort. Toujours. C'est la règle. Juste pour me rappeler que la vie va. Oui, la vie va aussi avec cela, avec ceux-là.

Ma Petite Maison à moi, au fond à gauche, n'est qu'à moi. Je ne la connais qu'à cette heure-là. Les odeurs de friture ne m'atteignent pas et les déjeuneurs des bureaux non plus. Je ne suis que l'anonyme-café-de-10-heures-du-fond-à-gauche.

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Commentaires
P
C'est là que j'ai eu mon dernier rv avec mon éditeur...
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L
...de temps à autre vient aussi Kessel.
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L
Dans le bouquin que je lis il y en a un qui fait pareil! tu m'avais dis de te prévenir si je te trouvais dans le bouquin, ben presque. Sauf que le mien fume, pas des JPS mais des initiales un certain J-P.S
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B
Une légère atmosphère qui m'a rappelé, à la lecture de votre texte, La Bruyère....
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D
J'adore !<br /> <br /> Surtout que j'ai lu protocole en titre.<br /> <br /> Et que procope, je connaissais pas. J'imagine après recherche que c'est ce café parisien désigné ici (http://fr.wikipedia.org/wiki/Caf%C3%A9_Procope). Mais l'ironie veut aussi que ce soit un prénom grec et un patronyme assez chargé (http://fr.wikipedia.org/wiki/Procope).<br /> <br /> Merci l'ami pour cette balade du matin !
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