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Singulier Pluriel
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5 décembre 2015

Passé conditionnel

05 décembre 2015

Il aurait fallu qu'à l'orée du monde, les prophètes ne soient pas exception, que par temps d'orage, les vaillants donnent l'exemple, que les saints et les saintes brillent de leur vivant.
Il aurait suffi qu'en allant vers les tombes, on se dépouille au lieu d'amasser. Qu'on sème dans son âme de quoi se donner les moyens d'être pauvre, cultivant le champ de notre intérieur, sculptant le corps de l'esprit sain.
Mais, la boue s'accroche à la boue plus aisément que la joie s'accroche à la joie. L'attraction terrestre joue aussi bien sa physique sur l'esprit. Ce qui tombe est plus lourd que ce qui s'élève. Proposez la médiocrité et la facilité et vous jouerez à guichets fermés. Osez l'excellence et, la marginalité vous guette. Certains s'y font, d'autres pas. Sagesse ou égoïsme des uns ? Ambition ou donquichottisme des autres ?
Nous avons notre responsabilité à être si indulgents avec la faiblesse qu'on prend pour de la fragilité afin de se donner bonne conscience. La faiblesse, c'est de la bêtise. Et nous devons nommer l'ennemi avant toute chose. Il nous faut rabrouer la bêtise, la combattre, même si elle ne comprend pas. Parce qu'elle ne comprend pas, justement. Elle plombe. Il faut lui couper le fil, la lâcher dans le vide, la basculer de la nacelle. La fragilité, elle, on peut l'entraîner, la bouger, la renforcer, avec méthode et bienveillance. Qu'à force de volonté et de courage, elle finisse par dépasser ses maîtres, qu'à son tour, elle guide des foules de vaillants et d'éclairés.

Il aurait fallu qu'à l'orée de tout à l'heure, les ambitieux se reproduisent, que l'humilité et le courage soient phares à suivre, sans paillettes et sans récompenses sucrées.
Il aurait suffi que l'inaccessible étoile soit poursuivie par la majorité. Qu'on sorte ses godillots de la fange, ses bourrelets de ses corsets, son regard de ses oeillères et ses mains de ses poches, pour construire une humanité de manches retroussées vers un idéal simple, dépouillé et céleste. La terre dans les étoiles, pour tout le monde.
Mais, l'idée même de lire trois lignes étouffe les esprits simples avides de plaisirs primaires et personnels dans des carapaces d'orgueil et de paraître, dérisoires et vains. Admettons, acceptons de dire ce qui est. Ménager en édulcorant la vérité, fragilise l'édifice commun, autant qu'il méprise l'être des faiblards. Leur dire ce qui est, sans huile et sans ambages, pourrait activer des ressources insoupçonnées, qui seraient les bienvenues dans le chantier global. "Ou les anéantir" diraient d'autres. Et alors ? Des poids en moins pour l'accomplissement de l'oeuvre supérieure et commune, c'est pain bénit. Il faudrait faire des omelettes en ménageant les oeufs ? Et tourne la roue de reproduction de comportements stériles et immobiles, valse d'illusions qui toupillent. Et le perpétuel conditionné tue le mouvement fécond.
Dénoncer le commerce et commercer, dénoncer l'apparence et décorer, dénoncer le paraître et parader. Voilà qui fait le monde. Prendre le risque de la fosse commune et de l'oubli, pour les autres, pour l'après, c'est autre chose. En silence. "Ultime orgueil", pensera-t-on dans des milieux jaloux, qui ont déposé les armes de l'amour, baissé les bras de l'ambition, se croyant plus sages par une acceptation exagérée de ce qui est, confondant allègrement Vie et Société.

Il aurait fallu que les mots prennent du sens par les mains.
Il aurait suffi que les tripes remplacent les intentions.

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Commentaires
C
Merci pour le compliment guy. <br /> <br /> Ça me flatte, et. .. ça m'oblige.<br /> <br /> Et surtout merci de me lire.
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G
En ce qui me concerne, votre plus beau texte depuis que je vous lis (depuis peu, il est vrai)<br /> <br /> Merci<br /> <br /> Guy
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