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27 août 2020

Petit-déjeuner avec Clément Rosset

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Ce matin, les céréales et le café ont été agrémentés d'une belle cerise au-dessus des tasses.

Nous avons échangé, à deux, sur ma lecture du moment : La Force Majeure de Clément Rosset. Si j'en crois les annotations faites en première page du livre, c'est ma cinquième lecture. La première date de 1986.

Sur une question curieuse de ma compagne, nous avons construit un chapelet de riches réflexions croisées. De fil en aiguille, et une demi-heure plus tard, nous avons pu vaquer à nos occupations enrichis de graines nouvelles et fiers de faire encore partie des chercheurs, de ceux qui, leur vie durant, se posent des questions, explorent de nouveaux domaines et se frottent à des concepts inconnus. Les autres, ceux qui reproduisent, qui répètent et sont en mode automatique ne comprennent pas pourquoi certains "se compliquent la vie".

La Force Majeure, c'est la Joie. Celle qui est choisie comme rail de vie. Et ce, malgré les drames et les tragédies, en dépit des souffrances et des injustices. Elle est un choix rationnel, en connaissance de cause et devient irrationnelle parce qu'elle demeure, quoi qu'il arrive. J'ai fait court et subjectif.

Si ce livre, comme le reste de l'oeuvre de Clément Rosset, me poursuit depuis de nombreuses années, c'est que je suis hanté par ce rapport du réel et de la joie. Je continue, bon an mal an, à chercher le bon dosage entre lucidité et élan. Soucieux de ne jamais me cacher la réalité, je veux, néanmoins, pouvoir monter vers le soleil, sans artifices, sans faire l'autruche et sans me laisser plomber par des nouvelles déprimantes ou des épreuves handicapantes. Je cherche. Et ce philosophe est de ceux qui m'aident à chercher, au même titre que Montaigne, Epictète et Robert Mizrahi, pour ne citer qu'eux. Comme je n'ai pas rencontré Dieu, mon chemin est plus ardu.

Aussi, nos échanges matutinaux nous ont menés vers d'autres rivages. Qu'est-ce-qui fait qu'il y ait des chercheurs et des statiques ? Pourquoi deux personnes issues de la même fratrie appartiennent-elles à deux camps différents ? Et il fut question d'angles, de points de vue, de résilience, de courage et surtout de pulsions de vie et de pulsions de mort, celles dont on m'a dit un jour qu'elles seraient innées. Ce fut une information qui me bouscula durablement.

En effet, j'ai longtemps été un adepte du volontarisme, persuadé qu'il suffisait d'activer des ressources existantes pour venir à bout de n'importe quel problème. Un jour, pourtant, quelque chose m'a dépassé. Et, la force de ce quelque chose, m'a obligé à revoir ma position. Ce fut très difficile car cela tenait de ma structure propre, de mon squelette. Mais, les faits étaient là et bien là, il me fallait admettre qu'on ne maîtrisait pas tout et que la réalité, le Réel dirait Rosset m'avait rattrapé. J'avais trouvé plus fort que moi. J'entrepris alors un travail de retour à l'équilibre qui me fit admettre que c'est parce que j'étais doté de pulsions de vie supérieures aux pulsions de mort que j'étais capable de résilience. Bref, j'étais tombé du bon côté. Et apparemment, dès la naissance. Il fallut aussi admettre que ceux qui s'écroulent pouvaient, n'avoir pas été dotés des mêmes capacités. Cela augmenta ma capacité de tolérance. Je serai, désormais, plus indulgent avec les autres. Belle leçon.

Ma compagne m'a réclamé le livre à la fin de ma lecture et moi, j'attends avec impatience le petit-déjeuner de demain matin.

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