Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Singulier Pluriel
Singulier Pluriel
Publicité
Singulier Pluriel
Derniers commentaires
Archives
1 novembre 2020

1950 et des poussières

17 septembre 2020 (9)-001

Il est des esprits curieux qui ne vivent qu'en cherchant des concepts. J'ai beau me gendarmer, ça revient tout le temps. Je ne peux pas m'empêcher de dézoomer, de chercher les points communs aux situations et d'en tirer une théorie censée tenir la route et s'adapter au problème suivant. Certains cherchent le bonheur, d'autres l'outil universel, le couteau suisse de la compréhension.

Aussi, je livre ici ma réflexion du moment. Commençons par la fin : je me demande si la génération de ceux qui sont nés autour de l'année 1950 n'est pas celle qui a été et qui est la plus heureuse.

Les discussions sur l'ambiance générale de ce monde cumulant les incertitudes, sanitaires, climatiques, économiques et politiques se sont entrechoquées avec la lecture de "Une vie française" de Jean-Paul Dubois. Ce dernier nous conte la vie de son personnage qui traverse la Vème République. Cela ressemble bien à un récit autobiographique et l'on voyage, sur fond d'ambiances de l'époque et d'élections Présidentielles successives, dans la vie de cet homme de ses 8 ans à une bonne cinquantaine. En parallèle, j'ai beaucoup échangé sur les difficultés que peuvent rencontrer les plus jeunes d'entre nous, ceux qui sont encore en activité ou à l'orée d'une vie active sans visibilité. Certains font le coup du c'était mieux avant et d'autres celui du on était heureux et on ne le savait pas. Il y a du vrai, indéniablement.

Mais qu'est-ce-qui change vraiment ? Les perspectives, bien sûr. Tant que l'horizon est dégagé on peut garder l'espoir, prendre un cap, le changer si besoin, faire demi-tour, relancer la machine, se réadapter à une situation nouvelle. Mais quand la purée de pois commence à ses pieds, on perd tout chemin, toutes références, on marche à vue, ou pas vue, on ne sait pas, on doute et il est bien difficile de se construire une route idéale. Alors quand on dit que l'époque est dépressive, ce n'est pas que du défaitisme, on a quelques raisons de le dire. J'écris cela de l'endroit où je suis. Certes je suis né quelques années après 1950 mais j'ai dû bénéficier de ma théorie. Mes vingt ans que j'avais cru difficiles avaient des espoirs possibles, j'aimerais les partager avec les vingt ans d'aujourd'hui qui goûtent au brouillard.

Toute affirmation générale a ses contre-exemples bien sûr et la vie de chacun a pu subir des drames qui le feraient sortir illico de la catégorie. Acceptons les exceptions. Mais avoir vécu l'essentiel de sa vie sans connaître la guerre ni la dépression sociale tout en bénéficiant, bon an mal an, des progrès de l'humanité, c'est quand même avoir bien visé pour venir au monde. Je ne dénis pas les effets pervers de ce progrès que nous touchons du doigt aujourd'hui, mais le quotidien avait quelques couleurs, de vives couleurs. Encore une fois, globalement.

Ma mémoire enjolive ? Ma théorie est foireuse et des témoins vont s'insurger ? Peut-être. C'est ce qui m'est passé par la tête. Que demain me donne tort et j'en serai bien heureux. Encore plus heureux que d'être tombé pile entre la guerre et l'apocalypse. La formule m'a dépassé mais elle me plaît.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité