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Singulier Pluriel
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26 décembre 2020

Des larmes au bord des yeux

Il y a des moments de grâce qui vous pousseraient les larmes au bord des yeux. On en cherche la raison et on ne la trouve pas. Ou on se dit que ce n'est pas possible, que ce n'est pas ce petit rien qui peut vous mener jusque-là. Qu'il vous émeuve à ce point, ce n'est pas normal. Non, c'est une ambiance générale. Et on ne sait pas la définir. Plus justement une conjonction de mini-événements, un alignement de planètes, une addition de minuscules petites choses qui séparément n'auraient accouché de rien, mais qui cumulées construisent des cathédrales et déplacent des montagnes. A moins qu'elles se répondent, qu'elles s'amplifient mutuellement. Et si physiologiquement, nous avions, à un moment précis, aggloméré des états qui viennent à leur heure, nous mettre en disposition de tout ressentir à sa juste et grande valeur ?!

Hier matin, le soleil rasant s'était faufilé entre les pattes du troupeau de moutons dans la prairie près de la maison. Je fis le plein de bien-être pour la journée. Je peux dire à cette heure que cela m'a servi, la perfection m'a accompagné jusqu'au soir. Après avoir récupéré deux cadeaux de livres qui m'ouvrent des horizons pour les semaines à venir, un Prix Goncourt et un Prix Fémina, j'ai laissé un manteau de grêle derrière moi pour retrouver la chaleur du poêle à granulés. C'est banal et, en soi, n'a pas de raisons de vous mettre les larmes aux yeux. Mais cela y participa. Je crois.

Ce matin, temps sec et froid. Il a gelé cette nuit et il fait grand soleil. A l'horizon, un trait net distingue la colline boisée d'un ciel bleu intense. La maraîchère du village voisin était au rendez-vous malgré tout et notre panier fut bien garni. Sur la route, un troupeau de moutons nous a ralentis, nous avons pris sa trace, patiemment, tranquillement. La joie bouillait déjà dans les tripes. Tant d'instants-rois se présentaient pour me pousser plus tard sur le clavier. Des petits riens, vous dis-je ! Et pourtant, un bonheur intense de savoir que mon vieux coeur s'émeut encore de si peu, apprécie l'instant, l'intègre et en fait un feu de joie interne qui, tout simplement, rend heureux. J'attendrai sereinement qu'une journée si bien baptisée s'écoule comme suspendue, portée par une force mystérieuse qu'on ne maîtrise pas, mais à laquelle on participe en ayant les sens ouverts et disponibles.

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Et, pendant que je transcris tout cela, appliqué à ma table de travail, ma femme m'apporte, cerise sur le gâteau, un disque de glace que la nuit a fabriqué à la surface d'un bac que nous avions rempli d'eau pour les oiseaux. Hier encore nous avions vu deux rouges-gorges venir s'y ébrouer. Encore un cadeau du ciel !

Parfois donc, nous avons des rendez-vous avec on ne sait qui, on ne sait quoi. Notre seul devoir est de ne pas les manquer. 

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