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23 septembre 2013

La spontanéité

15 avril 2008

Spontanéité. Voilà un mot qui a plus souvent bonne presse que mauvaise. Étonnant. 

Commençons par dire qu'il y a deux sortes de spontanéités. Et ce n'est pas dans leur expression qu'on fait la différence, mais dans la source de leur mouvement et le résultat de leur expression.

Le sens commun lui accorde une indulgence exagérée du fait qu'elle serait dénuée de calcul et de vice, qu'elle viendrait du coeur avec la sincérité et l'innocence d'un enfant. Je soupçonne pour ma part le "sens commun" d'y trouver son avantage à regarder du dessus une attitude aussi transparente et par conséquent sans danger. Un côté "fleurs des champs" rafraichit l'instant et chacun y va de son éclat de ricanement. N'oublions pas que la vedette de l'instant fera les frais, un autre jour, d'un jugement sévère d'ingénue ou de niaise. Le commun est prompt à glorifier puis dénigrer un même comportement en fonction des circonstances. Cette spontanéité fait aussi des dégâts. Elle est si instinctive qu'elle n'a pas anticipé le résultat, pas évalué les conséquences et pas filtré le propos. Elle a tiré sans viser et les balles perdues font des gaffes parfois sérieuses. Cette spontanéité, n'est donc pas de la sincérité rafraîchissante mais bien de la niaiserie polluante.

Mais il existe une spontanéité plus noble, plus belle et plus légitime. Elle n'est pas là pour satisfaire une envie d'expectoration non contrôlée mais pour offrir une authenticité humaniste et généreuse. Elle est forcément le fruit d'un travail approfondi sur l'Être, le résultat d'une construction aboutie et d'une confiance en soi solide. Elle n'est plus le mouvement instinctif sans contrôle, mais bel et bien la réunion de l'intelligence et de l'intuition dans un mouvement pur puisqu'il sera l'expression de bases solides et intégrées. En d'autres mots, la structure solide de l'Être peut se permettre une spontanéité qui n'aura nul besoin d'un contrôle conjoncturel pour ne point déraper, car elle sera issue, en un éclair, d'une réflexion sérieuse. Le fond et la forme seront de ce fait en congruence sans dépense d'énergie inutile et sans dégâts collatéraux fâcheux.

Dans sa définition de "l'homme accompli", appelé parfois "identité authentique" ou "personne en bonne santé", Abraham Maslow nous dit : "L'individu est encore plus spontané, plus expressif, manifestant un comportement plus innocent (dépourvu d'artifice, naïf, honnête, candide, ingénu, enfantin, sans réserve, sans défense) plus naturel (simple, direct, sans hésitation, clair, sincère, sans affectation, primitif au sens premier du mot, immédiat) moins contrôlé et s'exprimant plus librement (automatique, réflexe, instinctif, sans refoulement, sans amour-propre, sans réfléchir, sans calcul)... Il a donc un comportement imprévu, impromptu. Il est capable de créer à partir de rien. Il se conduit d'une manière fraiche, inattendue. En lui rien de résigné, de rassi, de fabriqué, pas d'habitude, pas de banalité dans la mesure où tous ces mots impliquent une répétition et une planification. Il a donc relativement peu tendance à se plaindre, à exprimer des désirs, à exiger la satisfaction de ses besoins, à se fixer des buts à atteindre, à lutter"

Robert Misrahi dans "Le Bonheur - Essai sur la joie" nous aide à différencier les deux formes de spontanéité évoquées : "un travail doit être effectué sur la spontanéité aveugle, limitée ou incohérente pour rendre possible l'avènement de cette même spontanéité comme personnalité transformée, c'est-à-dire comme désir actif et existence heureuse"

En conclusion, la connaissance d'une autre forme de spontanéité plus ontologique que la plus communément reconnue nous permettra, dans nos communications interpersonnelles, de trier ce qui est de ce qui parait. Mais ne doutons pas que quelques esprits chagrins sauront nous expliquer que l'assurance de la seconde fait plus d'ombre et requiert plus de protection que la superficialité de la première. C'est la loi du genre et la caravane passe.

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