Mandela ne m'a rien appris

Les hommages rendus à Nelson Mandela ont dégouliné partout. Ma télé, mon ordinateur et mon marchand de journaux ont débordé. J'ai failli glisser.
Avant que mes détracteurs ne m'accusent une nouvelle fois de provocation et mes amis les plus fidèles, voire masochistes, ne me rappellent que je ne suis pas obligé de toujours prendre le contre-pied pour faire mon original, je voudrais m'expliquer. Accordez-moi qu'il me faut du courage, même dans un blog à faible audience, pour oser titrer ainsi.
J'ose. Puisque c'est vrai.
J'ai lu que son image et son exemple, avaient changé la vie de certains, guidé la destinée d'autres, accompagné des malheureux et soulagé des souffrances à des milliers de kilomètres. Ce qu'il a fait réellement lui-même n'est pas à remettre en question et les qualités qui lui sont reconnues sont indéniables.
Mais, il ne m'a rien appris.
Même si je suis plutôt fâché avec les symboles et les icônes, je veux bien reconnaitre que cela a pu jouer dans la vie d'autres. Mais, le jour où j'ai eu connaissance, consciemment, de son existence, je connaissais déjà les valeurs auxquelles il se référait et je m'efforçais de les appliquer. Parfois avec succès, parfois sans. Je me remettais au travail et à force d'entraînement je devenais moins faillible. Aujourd'hui encore, il m'arrive de déraper, mais jamais trop loin, ni trop longtemps.
Alors, au diable les maximes de celui-ci ou d'un autre, imprimées sur un tee-shirt ou compilées dans un pavé pour Noël ! Appliquons, là, tout près au lieu d'afficher de bonnes intentions, rarement suivies d'effet. J'ai pris des notes, et des noms, de ceux qui ont partagé sur les réseaux sociaux, de grands engagements de non-violence, de fraternité et d'altruisme. Je les surveille dès tout de suite et si contradiction il y a, je ne manquerai pas de le leur faire remarquer.
Si le double-langage est sport international, moi j'ai une licence de chasseur de double-langage. Pas pour punir, pour aider, aider à être cohérent. Pas plus. Je préfèrerai toujours un égoïste revendiqué à un altruiste de façade.
La vie nous a assez gâtés pour acquérir un bagage de valeurs solides. Un grand-père sage, des Evangiles, des écrivains, des figures du quotidien. Nous nous sommes construits par eux et surtout par notre travail acharné à bien faire. Aucun besoin d'icône interplanétaire. (Notons, que le Monsieur n'y est pour rien)
C'est d'ailleurs très dangereux les icônes ; ça déresponsabilise. On se réclame d'une philosophie, on l'affiche et il n'y a plus rien à faire. On peut s'amuser, oublier, et tout va bien. Sans le déguisement, c'est autrement plus ardu, plus long mais plus solide. L'autonomie et la liberté sont les fruits de sa propre pensée et de sa propre réflexion. En aucun cas, ceux d'un arbre-perroquet qui lâcherait des maximes devenues, à notre niveau de civilisation et de connaissance, d'une grande banalité.
Pour l'exemple, prenons cette phrase de Mandela : "L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes- sont les véritables fondations de notre vie spirituelle". Vous avez appris quelque chose ? Moi pas. Ce n'est pas vanité de l'écrire puisque c'est vrai. A nous d'appliquer... ce que nous savions déjà.

(Ce n'était pas un billet facile à écrire. Alors s'il est un peu confus, merci de m'en excuser)

Comments

[ST Def]

Je découvre ce billet 5 ans après, mais c'est pas grave je laisse quand meme un comm. Et le voici : même si je suis d'accord avec le fonds du billet, qui aurait pu parler du Dalai-Lama de la même façon, il faut quand même rappeler que ni moi ni toi (tu confirmes ?) ne sommes Africains et Mandela il me semble que, même s'il a rencontré des tas de personnes hors de son pays, est quelqu'un dont les actes et les écrits s'adressent d'abord aux gens qui vivent sur son sol. Je m'arrête avant de partir sur un développement superflu sur la grosse différence culturelle et sociétale de l'Afrique avec l'Europe. Bonne continuation

[Sylvie]

Le billet n'est pas confus et je pense exactement comme toi. Pas besoin d'icônes. La vie m'a gâtée et j'ai acquis un bagage solide de valeurs sûres.

Ce sont les médias qui créent ces icônes. C'est peut-être bien pour la plupart des jeunes qui ne lisent plus et n'ont pas notre bagage culturel. Ils ont ainsi des modèles à admirer et imiter. C'est toujours mieux que Nabila, les Ch'tis ou Miss France.

Merci d'avoir remis la photo de mon journal préféré !!