Ne faisons pas dépendre ce que nous faisons de ce qu'on nous fait
Ne pas faire dépendre ce que nous faisons de ce qu'on nous fait, pourrait être une règle de conduite idéale et pacifiste, garantissant des relations humaines apaisées et constructives, si la décision de s'y tenir ne dépendait que de notre raison. Bien d'autres règles fonctionneraient dans les mêmes conditions, mais, nous nous en tiendrons à celle-ci pour aujourd'hui.
Qu'est-ce-qui pourrait bien nous empêcher, dès lors que nous l'aurions adoptée, intégrée, faite nôtre, de l'appliquer ? Le manque de concentration, d'éveil, de rigueur ? Oui, bien sûr, un peu tout cela. Mais, surtout, la prise de pouvoir d'émotions non-maîtrisées. La colère, l'énervement, le débordement seront à coup sûr les responsables de l'escalade. Car, le premier objectif en n'agissant pas en fonction des attaques, agressions ou violences des autres, est bien de stopper l'escalade, avant même d'apaiser le conflit.
Aussi, dans un premier temps, il est préférable de se donner comme objectif à court terme de ne pas en rajouter. Sortons du rapport de force et situons-nous en dehors. Nous aurons une meilleure vue d'ensemble et un esprit moins partisan et, second avantage, les attaques qui nous serons portées nous atteindrons moins brutalement. Concentrons-nous sur la situation et non sur les protagonistes. Devenons médiateur, même dans un conflit dans lequel on veut nous inclure.
Ne nions pas le danger, souvent expérimenté, de voir l'autre s'échauffer encore plus, devant cette distance ou ce sang-froid apparent. Il pourra ressentir une culpabilité ou une honte à s'emporter alors que l'autre semble avoir les nerfs assez solides pour se maîtriser. C'est vrai, mais, c'est surtout que l'autre a un objectif plus ambitieux. En tout état de cause, l'échec n'est pas certain, tandis que dans le cas de l'opposition, voire de l'affrontement, tout le monde en sortira perdant.
Dans le meilleur des cas, la violence se fatiguera et se calmera si elle ne rencontre pas d'adversaire. Il sera temps, peut-être, et, si nécessaire, de passer à la phase d'analyse de la situation, d'explication, de debriefing, selon le cas. Cette phase ayant un but pédagogique destiné à éviter la répétition de la situation.
Se borner à cette éthique dans nos comportements n'est pas surhumain. C'est assez simple lorsqu'on a en ligne de mire les conséquences possibles de telle ou telle action. L'anticipation est toujours un atout supplémentaire. Il ne s'agit pas de tendre l'autre joue, mais au moins de ne pas balancer sa propre main.
Mais, en recherche de conflit à tout prix, l'agresseur pourra en rajouter, et en rajouter, et en rajouter. Car c'est son terrain, celui qui lui convient, là où il se sent le plus fort. Certes. C'est le moment de tenir. On lui donnerait trop le signal que ce fonctionnement est normal et efficace. On peut être ferme sans utiliser ses armes. L'insulte ou le coup peuvent être douloureux, surtout psychologiquement, mais la culpabilité d'avoir rendu la pareille pourrait être une souffrance supplémentaire sans nous soulager de la première. Oui mais, s'il ne comprend que ce langage, que faire ? Lui en apprendre un autre, martelant qu'il est capable d'en utiliser un autre. Et si vraiment, c'est peine perdue, après 350 ans d'investissement, tournez les talons. Une bonne fois pour toutes.
C'est le monde des bisounours dalaïlamaïsés cette histoire, non ? Peut-être. Mais, je ne connais pas d'autre monde. Suivre son éthique personnelle, quoi qu'il arrive, permet de toujours mieux dormir.