Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Singulier Pluriel
Singulier Pluriel
Publicité
Singulier Pluriel
Derniers commentaires
Archives
2 juillet 2017

Cet été, je revisite ma bibliothèque

20170701_103931

Cet été, je revisite ma bibliothèque.

Sous l’effet d’une boulimie de lecture qui ne semble pas vouloir se calmer, ma bourse commence sérieusement à s’en ressentir. Il faut dire que j’aime les livres neufs et que j’aime en être propriétaire. J’ai encore cet attachement matériel. A l’occasion de quelques déménagements, j’ai pu élaguer les étagères de ma bibliothèque, mais il n’en reste pas moins que ces temps-ci, elle gonfle et déborde à l’inverse de mon porte-monnaie.

Aussi, je vais faire une pause dans les achats et je passerai l’été à revisiter mes rayonnages de livres conservés précautionneusement. Certains auront échappé à la lecture, comme toujours. La plupart auront été parcourus, mais par des yeux plus jeunes et dans des états différents.

J’en retirerai sans doute quelque chose de nouveau et c’est bien. Car lire « Les Nourritures terrestres » à 60 ans et les avoir lues à 25, cela ne doit pas être tout à fait la même chose. Je le vérifierai.

C’est donc un choix financier qui ouvrira sur une découverte. Pourquoi pas ? Je me fais une joie de dénicher des perles qui auront dormi des décennies si près de moi sans faire de bruit, des personnages sortant de leur coma, des tirades remises en musique.

Vais-je y retrouver un jeune homme que je connais bien ? Un marque-page fané ? Une madeleine doucereuse ? Les mots auront-ils la même couleur, le même parfum ? Vais-je relire ou lire vraiment ? Trouver des entre-lignes qui m’avaient échappé ? Comprendre ce que j’avais ressenti ? Ressentir ce que j’avais compris ?

L’aventure se dessine bien. Elle crée déjà quelques émotions dans le ventre. J’ai rendez-vous avec le passé et la surprise en même temps.

Et si les livres, comme moi, avaient vieilli ? Si les pages jaunies profitaient de ma visite pour se détacher, s’émanciper, s’envoler ? Si les lettres se défilaient, s’en allaient ailleurs créer d’autres écrits ? Si les mots se mélangeaient ?

Que Vargas Llosa et Don Rodrigue se saluent ! Que Maupassant et Siddartha se disputent ma lecture ! Que les sœurs Groult bousculent Mishima et Martin Eden ! Que Bukowski nous engueule tout ce monde !

J’ai hâte. Je trépigne. Je suis tout neuf de vieilleries.

Cet été, ma bibliothèque me revisite.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
« Le lien, qui relie le lecteur à sa lecture est certes inséparable de l’écoulement du temps, mais rien n’en marque la durée, le rythme, ni la fin, ni même la continuité (que de livres lus par tranches successives, que séparent parfois de longues années !) Un livre se perd de vue et se retrouve, tantôt fané, tantôt réarmé de séduction. Sa beauté est journalière, au sens balzacien ; il a ses bons et ses mauvais moments. On connaît avec lui la séduction à laquelle on cède trop vite, tout comme la lente reconquête, par des qualités d’abord voilées. Il se prête à des découvertes successives (tout n’y est pas apparent tout de suite) à l’automatisme de l’accoutumance, à l’usure rapide du premier éblouissement, tout comme à l’entente parfois nouée jusqu’à ce que la mort advienne. Il voyage avec nous, parfois convivial et disert, parfois plus fermé qu’on ne voudrait. Il vieillit près de nous, tantôt comme un vin, tantôt comme une femme, tantôt passivement, tantôt activement ; il ne déserte jamais tout à fait la mémoire ; on vieillit avec lui : commode, présent, familier, logeable. Bref, les rapports qu’on a avec lui sont, plus que pour un autre produit de l’art, proches de ceux qu’on entretient avec un vivant, qui, entré une fois dans votre existence, y reste, en sort, y revient, s’y fait place, s’éloigne, mais avec qui le contact plus familier qui a été une fois celui de l’intimité ne laisse jamais prescrire sa note singulière. » Julien Gracq<br /> <br /> (un extrait du texte Familiarité du livre)
Répondre
C
Lelius et une-âme, un Grand Merci pour vos références qui ne sont pas dans ma bibliothèque et que je note soigneusement. Mais vous m'obligez à des dépenses... que je ferai avec bonheur.<br /> <br /> J'ai attaqué mon été et, chose surprenante, mes livres m'intimident. Comme si j'avais peur d'y trouver du très consistant qui me bousculerait. J'avance à tâtons. Je suis moi-même impressionné par l'exercice.
Répondre
U
Merci<br /> <br /> Je suis d'accord <br /> <br /> <br /> <br /> J'ajouterais :<br /> <br /> "L'art du roman "de Milan Kundera <br /> <br /> - "Qu'est ce que la littérature" de Sartre <br /> <br /> <br /> <br /> Enfin " avec mon meilleur souvenir " de SAGAN <br /> <br /> <br /> <br /> Ces références représentent à elles trois, ma bibliothèque..... <br /> <br /> <br /> <br /> À bientôt et merci encore
Répondre
L
Voilà donc un bel été en préparation !<br /> <br /> Laissez-moi ajouter un titre à votre bibliothèque - s'il n'est pas déjà sur une de vos étagères depuis sa parution il y a une vingtaine d'années. "Une histoire de la lecture" de Alberto Manguel qui a, dans sa jeunesse, été un des lecteurs de Borgès.<br /> <br /> Rien, à mon humble avis, n' a été écrit de plus beau et passionnant sur ce thème.<br /> <br /> Il existe en poche à petit budget... Mais l'édition Actes Sud est tellement plus sympathique.<br /> <br /> Voici un lien pour vous faire une idée... que je devine déjà ! <br /> <br /> http://www.ina.fr/video/I11136916<br /> <br /> Borgès avait coutume de dire que seule la relecture revêt une réelle importance...<br /> <br /> <br /> <br /> Amicalement
Répondre
Publicité