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2 décembre 2020

Morte-saison

02 décembre 2012 (3)

Je n'ai jamais, autant que cette année, senti les effets de la morte-saison, quand, autour de fin novembre, meurent les choses, quand les énergies, toutes les énergies sont au plus bas. Cette année, le tunnel est plus long, plus sombre et plus pénible que d'habitude. Certes, on connaît l'idée, la raison fait son travail et nous incite au dos rond, mais quand même, c'est long.

Cela aura-t-il été accentué par cette crise sanitaire qui nous a enfermés dans le confinement ? mon déménagement à la campagne ? ma vieillesse et ma retraite ? les incertitudes du monde ? ou tout cela à la fois ? Tout se ligue contre nous et la nature dicte sa loi. Nous avons combattu encore contre elle en laissant croire qu'on ne devait pas baisser la garde, limiter notre agitation, se mettre en veille le temps que les astres fassent leur travail. Nous avons oublié d'hiberner. Nous voulons être toujours au même rythme, être productifs et dynamiques. Et, comme toujours, la vie nous donne des leçons d'humilité en nous ramollissant le corps et l'esprit le temps nécessaire, celui de l'attente. Nous voulons précipiter les choses en espérant que les jours rallongent avant le solstice d'hiver, que la sève remonte dès aujourd'hui et que les perce-neige n'attendent pas la neige pour la dépasser. C'est perdu. C'est toujours perdu. L'ordre des choses fait son oeuvre et nous perdons le pouvoir.

C'est cela qui nous déplaît le plus, de perdre le pouvoir. Déjà que notre corps n'en fait qu'à sa tête en ignorant la nôtre, voilà que les saisons cheminent sans notre volonté. Tiens, j'ai voulu faire le jeune homme un 30 novembre en reprenant un peu de course à pied, pourtant gentiment. 6 minutes ont suffi pour que mon corps et la nature se liguent contre mon enthousiasme décalé. Claquage au mollet. Immobilisation forcée. Ce que tu ne comprends pas tout seul, on se charge de te le faire comprendre ! Batteries à plat, je reste au chaud et économise mes mouvements. C'est ce que j'aurais dû faire avant. Qui c'est qui commande ? Et bien, ce n'est pas nous, pas moi. Ou si peu. Il nous faut composer avec les éléments.

On n'a pas fini de prendre des leçons de la nature, même dans un cadre domestique. Notre arrogance et notre orgueil ont trouvé leur maître. Ce n'est pas faire preuve de paresse que de ralentir le mouvement, d'en faire moins, d'attendre la fin du cycle en cours. Serait-ce une forme de sagesse ? Morte-saison, tu nous ramènes à la raison que notre raison avait nié. Tu nous forces à la patience. Il nous faut créer de l'humus, recharger nos batteries, tendre notre arc, prendre le temps pour mieux exploser, avec modération, au printemps.

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