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1 novembre 2021

Du soleil dans les ruines

18 juin 2019 (13)

J'ai une disposition d'esprit dont je ne suis pas fier et que je ne comprends pas. Néanmoins, je suis bien obligé de l'admettre. Appelons-la "du soleil dans les ruines".

Une partie de moi-même souhaite souvent les catastrophes et l'autre saisit l'occasion pour activer des étincelles de vie et reconstruire. J'en suis parfois à vouloir que le monde aille plus mal pour semer d'autres graines sur ses décombres. Si une catastrophe écologique doit advenir, qu'elle vienne d'un seul coup, qu'on fasse table rase et que les survivants (dont je serai) retroussent leurs manches et sortent leurs pinceaux de toutes les couleurs pour dessiner des plans ensoleillés. 

C'est toujours un peu l'idée que la vie est tragique et qu'on peut, malgré tout, la parcourir dans la joie. De tenter d'insuffler dans chaque situation un rayon de soleil, un bourgeon d'espoir, une satisfaction du peu. Sublimer ce qu'il reste plutôt que regretter ce qu'on a perdu.

Moins avouable, il y a sans doute, au fond de moi, la volonté d'ouvrir les yeux des aveugles et les cerveaux des possédés. Que les optimistes béats se rangent à la réalité et que les pessimistes chroniques saisissent la perche pour ne pas sombrer. Que les jouisseurs qui ne pensent qu'au divertissement et les terrorisés du monde se retrouvent, à mi-chemin, avec pondération et sérieux, ni légers, ni lourds, juste responsables prêts à gérer une situation nouvelle, aussi dramatique soit-elle. Bref, je veux faire la leçon à tout le monde. Quand je vous dis que ce n'est pas avouable ! Et je ne peux pas exclure la vanité de celui qui souhaite les tempêtes pour prouver, qu'en valeureux capitaine, il sait se sortir du mauvais temps.

En vérité, je crois à ce que je pense. Que le monde y gagnerait à courir après la connaissance, la culture et la vision globale plutôt qu'à s'amuser au bout de son nez. Et que la conscience des rapports de cause à effet dans chaque action, serait déjà un bon début à la construction de jours meilleurs. Mais une crise sanitaire mondiale n'a pas réussi à réveiller les consciences et, de nouveau, on replonge dans les loisirs, le consumérisme et l'insouciance. Alors, que faut-il imaginer pour calmer la course folle vers l'abîme ?

Le monde va mal et marche sur son fil. Gare aux vents violents ! Pendant ce temps-là, j'ai rarement été aussi bien dans ma vie. Je marche, le regard lointain et les épaules ouvertes, dans un décor de carton-pâte (Tiens, ça me fait penser aux réseaux sociaux) qui flirte avec le chaos à chaque rafale. Un jour, je marcherai, peut-être aussi conquérant, au mileu des ruines. Qui sait ?

J'ai peu de pouvoir sur ces choses et mon désengagement assumé ne risque pas de m'en donner. Je ne peux avoir que des souhaits. Celui de mettre enfin les insouciants devant leurs responsabilités et celui de voir un jour, de mon vivant, l'étude l'emporter sur le divertissement. J'ai peur qu'il ne faille une apocalypse, même symbolique, pour que les temps changent. 

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