Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Singulier Pluriel
Singulier Pluriel
Publicité
Singulier Pluriel
Derniers commentaires
Archives
7 août 2022

La lave du volcan

16 octobre 2009 (6)

Quand on écrit toujours la même chose, faut-il arrêter d'écrire ? Je me répète, je radote. Je grime des idées, je les déguise. Et quand on les met à nu, il n'y en a plus qu'une. La même. Toujours la même. Je multiplie les métaphores avec des mots choisis que je veux différents, mais je creuse le même sillon. Je me rassure en pensant que d'illustres artistes ont fait de même. Des metteurs en scène et des décorateurs d'un leitmotiv qui nous enserre les tripes, voilà ce que nous sommes.

Et comment faire autrement quand tout nous saute au visage. C'est l'occasion qui fait le larron et tout se ligue pour nous présenter toujours la même réflexion. Et si l'environnement était payé pour nous jouer cette pièce à l'infini ? Cela viendrait donc de l'extérieur et non de la torsion que nous faisons des événements pour les faire rentrer dans la boite de notre démonstration ?

Voilà que l'autre jour, un volcan s'est réveillé en Islande pendant que la saison des feux d'artifice battait son plein sur ma Côte d'Azur. Il n'en fallut pas plus pour tirer le fil et comparer à l'infini les deux phénomènes en convoquant toutes mes antiennes sur le léger et le profond, le superficiel et le solide, le conjoncturel et le structurel. Anquetil et Poulidor même. Comme d'habitude. La joie plus forte que le plaisir et la lave fumante et flamboyante plus divine que les petits pets d'un éphémère feu d'artifice. Et la boucle est bouclée. Je viens de tout dire. Tout redire plutôt tant j'ai développé l'idée, ici et ailleurs. Je serais né pour ce combat, cette mission de tirer ma zone d'influence, si petite soit elle, vers ce sublime plutôt que de la laisser dans la fange de l'illusion, dans des ordures ripolinées à l'acidulé quand l'épaisseur du pinceau peut vous soulever du sol et pour longtemps.

Petits pétards festifs, éjaculateurs précoces tout en parade sans arrières, toreros en sursis, vous ne saurez jamais ce que c'est que tutoyer Dieu, prendre les vents pour dépasser les nuages, sentir dans son plexus la coulée de lave, profonde, brûlante, puissante. Cette chaleur-là ne fait pas de publicité, elle s'active en coulisses, loin des podiums et des têtes de gondole. Elle est exigeante. Elle demande de l'investissement et du temps, de l'abnégation et de la foi. Elle fuit les projecteurs, elle s'éclaire de l'intérieur. Nul feu n'est plus puissant. Elle glisse sur la pente, inarrêtable, lentement, puissamment. Elle est hors catégorie, hors compétition. 

Le monde moderne a d'autres exigences. Celles de la vitesse et de l'apparence. Il ne récolte que du temporel, pétard mouillé à la première dépression. On ne le comprend pas. On ne comprend pas surtout cette foule immense qui court vers les sunlights et les plaisirs immédiats. Tant pis, nous aurons humblement écrit un billet de blog confidentiel pour changer le monde d'un demi-cheveu. C'est une ambition qui vaut la peine. Et ce qui est écrit est écrit.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité